A Million and One

Chronique

Shara Nova n’a jamais manqué à l’appel des collaborations. De David Byrne à Laurie Anderson en passant par le hip-hop de Jedi Mind Tricks, elle s’est toujours présentée comme un invité de marque. Mais ce qui fait la véritable force de la chanteuse, ce sont ses créations via My Brightest Diamond. Cinquième opus exemplaire, A Million and One ne compte plus les carats. Produites par Anthony « The Twilite Tone » Khan (Gorillaz, Kanye West), les dix compositions ont en plus été chouchoutées par l’ingénieur d’Adele et Lana Del Rey, Andrew Scheps. Le must du must pour ce petit bijouxdont toutes les facettes demandent à être explorées. A 44 ans, Nova en montre donc un peu plus, et ça débute fort sur It's Me on the Dance Floor. Orgue en progression sur arpège, un beat sourd inquiétant et des guitares saccadées, la grande dame fait son entrée sur la piste. La mélodie, c’est elle, la puissance et le groove aussi. De sa voix nette et perçante, elle exprime sa perception du corps dans un moment d’introspection. Qui est-elle ? Que cherche-t-elle ? Comment faire bouger cette enveloppe charnelle ? Plusieurs questions auxquelles elle se confronte, de même que le regard des autres. Mais on est loin d’une séance de psychanalyse. Shara Nova donne ici une véritable prestation. A mi-chemin entre deux mondes, cette voix aérienne semble pourtant vite rattrapée par la pesanteur instrumentale. Un lâcher-prise jamais vraiment atteint, qui pousse l’Américaine à toujours repousser ses limites. Sonorités profondément électro (Champagne), influences hip-hop et attitude rock, My Brightest Diamond entame sa quête de l’individualité dans cet univers nocturne qu’on ne manque pas de rejoindre. © Clara Bismuth/Qobuz