Stravinsky: Petrouchka; The Rite of Spring; 4 Etudes

Chronique

Novembre 1959 : Antal Doráti enregistre pour la deuxième fois (après 1953) Le Sacre du printemps avec son orchestre de Minneapolis, et nombreux sont les observateurs qui estiment, depuis plus d’un demi-siècle, que cette version reste l’une des meilleures jamais gravées. Les tempi de Doráti sont résolument allants, le discours résolument sauvage et incandescent, et ce qu’il arrive à faire avec un orchestre somme toute « de province » est tout bonnement stupéfiant. On imagine presque que le chef sait se servir des éventuelles faiblesses de l’un ou de l’autre pour les transformer en force rugissante d’énergie pure. On est loin, loin, loin, de tant de Sacre proprets, polis, intellectuels, analytiques… Et que dire de l’extraordinaire prise de son signée Mercury, un label d’orfèvres devant lequel il est impossible de tarir d’éloges ; ce qu’ils ont réussi avec deux ou trois micros est tout bonnement stupéfiant de présence, de vie, de contrastes. À ne laisser passer sous aucun prétexte.

En début d’album, et toujours avec l’Orchestre de Minneapolis décidément transfiguré, Doráti nous propose un Pétrouchka (le ballet complet, sans les coupures donc mais dans la version 1947) droit sorti des profondeurs de la Russie populaire, râpeuse, gouailleuse, tour à tour ultra-païenne et ultra-religieuse, là encore loin des visions bien trop gentillettes de tant d’interprètes. Enfin, c’est avec le London Symphony Orchestra et toujours Doráti que se referme ce phénoménal album, les Quatre études pour orchestre, enregistrées en 1964. Pour mémoire, ces quatre miniatures sont des orchestrations réalisées en 1928 à partir de trois pièces pour quatuor à cordes de 1914, et de l’Étude pour pianola de 1921. © SM/Qobuz