Only Trust Your Heart

Chronique

« Fie toi à ton coeur » annonce l'album de Jean « Toots » Thielemans enreigstré en avril et mai 1988. Le premier après une période d'une douzaine d'années qui a vu le musicien belge se consacrer à la scène ou naviguer d'un label indépendant à un autre. Riche de nouvelles rencontres, l'harmoniciste inaugure son contrat avec Concord Jazz par une association inédite avec le pianiste Fred Hersch, les contrebassistes Marc Johnson et Harvie Swartz et le batteur Joey Baron.

Composé d'une douzaine de pièces incluant majoritairement des reprises, Only Trust Your Heart voit « Toots » Thielemans jouer uniquement de l'harmonica comme lui seul sait le faire. Dans un style éloigné du be bop traditionnel des années 1960, il intervient à bon escient pour dessiner la mélodie pendant que ses partenaires chantournent chaque thème avec subtilité. Ce jazz cosy, tissé avec finesse, donne de nouvelles couleurs à des standards de Wayne Shorter (une très belle lecture de « Speak No Evil »), Cole Porter (« All of You »), Duke Ellington (« Sophisticated Lady ») ou Benny Carter (« Only Trust Your Heart »).

La ballade doucement nostalgique de Fred Hersch, « Rain Waltz », ne dépare pas d'un recueil à la tonalité mélancolique sans être plombante ni passéiste. Tout au contraire, il se dégage un fin halo de lumière dans le jeu harmonieux et uni du groupe. Avec  la même délicatesse, le quartette aborde le classique de comédie musicale « Hello, Young Lovers » de Rodgers & Hammerstein, « Little Rootie Tootie » de Thelonious Monk et le thème de « We'll Be Together Again », écrit et popularisé par Frankie Laine. Et c'est avec un plaisir manifeste que les accompagnateurs suivent un leader jamais à court de souffle pour s'envoler dans ses improvisations.

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