Les Déserteurs

Chronique

Kadour Haddadi, l'animateur principal d'HK & Les Saltimbanks, pouvait aisément se définir avec les deux premiers albums du groupe comme un héritier légitime de Zebda. Avec HK Présente les Déserteurs , il offre en quelque sorte le projet parallèle d'un projet déjà parallèle, HK & Les Saltimbanks étant déjà une digression du Ministère des Affaires Populaires (MAP). Au lieu des habituelles chansons festives et engagées, le propos est ici de revisiter des titres de la chanson française à travers le prisme du chaâbi.

Cette rencontre est orchestrée à l'aide d'une équipe comprenant Amar Chaoui (percussions) et P'tit Moh (mandoline), de Gnawa Diffusion, Rabah Khelfa (derbouka), accompagnateur de Souad Massi, Hacène Khelifa (violon), venu du MAP, Meddhi Ziouche (mandoline, clavier), déjà présent dans HK & Les Saltimbanks et Meddhi Dalil (basse), de Takfarinas. Un groupe solide, chargé de légitimer une démarche visant à rappeler que chaâbi algérien et chanson française se mélangeaient volontiers dans les cafés fréquentés par les immigrés dans les années 1950 et 1960.

C'est sans doute la raison du choix d'un répertoire en grande partie issu de cette période avec des chansons comme « Sous le ciel de Paris », « Les Vieux amants » ou « Vesoul » et « Le Plat pays » de Jacques Brel et « Les P'tits papiers » de Serge Gainsbourg. Une sélection qui ragaillardit au passage le « Padam Padam » de Norbert Glanzberg pour Edith Piaf. A contrario, « Travailler c'est trop dur », déjà amplement assaisonné à toutes les sauces, ne s'imposait pas.

Haddadi Kadour a aussi tenu à donner un sens plus politique à ce nouveau disque, en incluant l'incontournable « Le Déserteur » de Boris Vian, prenant une résonance supplémentaire en étant chanté par la voix de victimes des guerres d'indépendance. Plus récent, « Né quelque part », de Maxime Le Forestier, pose la question actuelle de la double appartenance des populations d'origine étrangère nées en France. HK Présente les Déserteurs n'est pas qu'un simple exercice de style musical, c'est aussi un disque dont la signification est plus profonde. Celle de mettre en lumière la culture à la fois commune et métissée de tous ceux qui vivent dans un même espace territorial.

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