Handfuls of Night

Chronique

Au milieu des années 70, Brian Eno, profitant de son statut d'icône du glam rock, lance le label Obscure Records qui lui permet de développer ses projets les plus expérimentaux et de faire découvrir à son public les travaux de compositeurs contemporains aux audiences discrètes (Gavin Bryars, Michael Nyman, Harold Budd…), pendant britannique au mouvement minimaliste américain (Riley, Glass, Reich…). En 1976, il sort le premier album du Penguin Cafe Orchestra, création du compositeur anglais Simon Jeffes. Celui-ci, après des aventures dans les contrées du rock et de la musique contemporaine, se passionne pour la spontanéité qui prévaut dans le monde des musiques traditionnelles et synthétise l’esprit de ces trois approches pour instruments classiques européens ou du bout du monde, manipulations de bandes ou accessoires électroniques, et l’aide à définir une musique énergique, conceptuelle mais légère.

Le Penguin Cafe Orchestra traverse ensuite les décennies imposant une identité forte et influente jusqu’au décès de son créateur en 1997. Dix ans plus tard, son fils Arthur Jeffes, également compositeur (Sundog, Aparat), décide d’endosser l’héritage paternel et, en simplifiant le nom, recrée le Penguin Cafe. Il fait revivre son répertoire tout en développant son esprit à travers de nouvelles compositions inspirées. Handfuls of Nights est né d’une expédition en Antarctique, mêlant artistes et scientifiques sous l’égide de Greenpeace, où Arthur Jeffes s’est inspiré de la beauté des paysages. L’album démarre sur l’éblouissant Winter Sun et se clôt sur le crépusculaire Midnight Sun, deux morceaux où son piano joue avec la lumière boréale. Quatre pièces lui ont été inspirées par l’étude comportementale de différentes espèces de pingouins : Chinstrap, Adelie, The Life of an Emperor et Gentoo Origin. Les instruments y recréent les amusantes démarches des volatiles, décrivent les mouvements de leurs plumages et la splendeur de leur environnement. Pythagorus on the Line Again est une réécriture de l’un des titres de l’ultime album du Penguin Cafe Orchestra, Union Café (1993). Entre folktronica, ambient pastorale et minimalisme actualisé, Handful of Nights propose une musique apaisante et stimulante qui promeut la conscience écologique et la liberté de rêver. © Benjamin MiNiMuM/Qobuz