Feel It Break

Chronique

Ce premier album d’Austra, n’est en fait pas une entrée en matière dans l’univers de Katie Stelmanis, leader du projet. Il est une suite logique au parcours solo de cette artiste qui aime aussi s’entourer. Austra est donc son nouveau projet et c’est avec bonheur que les amateurs de la canadienne se plongeront dans ses nouvelles tribulations en terre electro-pop. 

On y retrouve son goût pour l’étrange, déjà développé dans ses vidéo-clips, et les paysages sonores où s’entrechoquent, dans un noir et blanc de rigueur, les univers du cinéaste David Lynch et ceux de l’art baroque à l’expressivité appuyée.

La qualité de la musique d’Austra vient de cela : cette musique cold-wave, lancinante, est en fin de compte, hypnotisante et parvient à charmer. Parce que même minimalistes, les lignes mélodiques fonctionnent. Comme des touches de lumière auxquelles le regard a besoin de s’accrocher lorsque l'on cherche son chemin dans l’obscurité. Ainsi plongé dans le noir, l’écoute gagne en intensité et fait réfléchir à l’essentiel : « I don’t know what’s real from the Noise » (extrait de « The Noise »).  

Les nappes de synthétiseurs et des rythmiques froides directement venues des années 1980's (« Beat and The Pulse », « The Villain »), font défiler des images alors que la voix claire et puissante de cette interprète, qui a fait ses classes dans le chant lyrique, ramène les émotions à ce qu’elles ont de plus élémentaires. Par exemple dans « The Beast », un duo piano-voix qui clôt magnifiquement l’album. 

Self-made-woman, Katie Stelmanis cultive ce sens du paradoxe et sait parfaitement insuffler une douleur pulsatile dans ses compositions. Une substantifique moelle qui fait que, même dénudées, les chansons de ce Feel It Break touchent la corde sensible. Un album qui a l’élégance de glacer le sang… en douceur. Une vraie réussite artistique.



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