ES

Chronique

Il n’y a pas que les chenilles qui se transforment. Les coccinelles qui habillaient le dos d’Émilie Simon sur la pochette de son premier album sorti en 2003 se sont, elles aussi, métamorphosées en insectes résolument moins « mignons » et nettement plus imposants. Pour fêter les 20 ans de cette publication, l’auteure-compositrice-interprète a imaginé une nouvelle version du disque aux coccinelles, un rework complet de la forme – même si elle a tenu à préserver l’ADN des chansons. « C’est un jeu de miroirs, vingt ans plus tard. Un avant/après. La règle était : si j’avais écrit ces titres aujourd’hui, comment sonneraient-ils ? », explique-t-elle. L’insolite gracieux qui était la marque de fabrique d’Émilie Simon prend des contours plus tendus : dans Désert, un inquiétant cymbalum remplace l’orgue d’origine et les harmonies se font plus inquiètes, moins tendrement mélancoliques ; la reprise des Stooges (I Wanna Be Your Dog) est nettement plus dark que la reprise de 2003 ; la harpe adorable de Chanson de toile se mue en basse cotonneuse et mystérieuse. A d’autres endroits, la musique se fait également plus dansante et électro. On retiendra notamment Dernier Lit et son beat binaire ou le tempo plus rapide de To the Dancers in the Rain (exit les cordes d’origine). « J’ai rebaptisé cet album ES, car il est mon essence retrouvée et aussi la première pierre pour les projets qui vont lui succéder. La boucle est bouclée, c’est un nouveau départ », conclut Émilie Simon, reine des métamorphoses. © Nicolas Magenham/Qobuz