Cigarettes & Truckstops

Chronique

Il est frustrant de constater que le deuxième album de Lindi Ortega est officiellement distribué en Europe cinq mois après sa sortie américaine initiale. Le sentiment est d'autant plus grand que cela avait déjà été le cas pour le premier album de la piquante canadienne.

Cette fois, Lindi Ortega l'a enregistré à Nashville (Tennessee) avec le producteur Colin Linden et l'ambition de retrouver l'esprit d'Hank Williams. C'est donc une country très blues qui est distillée tout au long des dix pistes de Cigarettes & Truckstops. Ne serait-ce que par son titre, on se doute qu'il va être question de cowboys modernes qui roulent des mécaniques sur les interminables autoroutes américaines.

Une nouvelle fois, Lindi Ortega se joue de ces clichés avec son humour bien à elle, puissamment aidée par le charme de sa lippe boudeuse. « The Day You Die » ressemble tellement à une composition d'Hank Williams qu'il faut se pincer pour être sûr qu'il est bien signé Lindi Ortega. « Murder of Crows » plonge dans l'ouest sauvage où il ne fait pas bon traîner sans raison, au risque de finir balancé au bout d'une corde. 

On croise d'ailleurs de tout dans la country revue par Lindi Ortega : des prédicateurs hallucinés (« Heaven Has No Vacancy »), des gamines paumées (« Use Me ») et tous ceux échoués à vie dans les snacks des bords de route (« Cigarettes & Truckstops »). Il est stupéfiant d'entendre à chaque fois comment cette frêle petite bonne femme a pu se glisser dans la peau d'une héritière de Johnny Cash et d'Hank Williams.

Lindi Ortega dépeint une Amérique à la fois réelle et fantasmée, le tout avec un regard qui n'a rien de naïf et un humour toujours corrosif, surtout lorsqu'il s'agit de parler des choses du coeur. Sans oublier l'essentiel, Cigarettes & Truckstops est un excellent disque de country grandement recommandable.
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