Warped Caress

Chronique

Il va falloir s’accrocher pour parvenir à classer la musique de l’Autrichienne Tanja Frinta, figure de proue de Lonely Drifter Karen, groupe tout aussi inclassable qui a signé plusieurs albums sur l’excellent label belge Crammed Discs ces dix dernières années. Son nouveau projet, Lomboy, avait démarré sous les auspices de la pop 60’s, avec le bien nommé South Pacific, qui empruntait des sons et des influences du Japon à la Californie. Sur Warped Caress, il faudra se contenter de citer différents éléments sans tenter de retranscrire le sentiment d’écartèlement culturel qu’on ressent en écoutant ce disque. Celle qui a grandi dans le quartier des théâtres et des opéras de Vienne, qui rêvait de devenir chanteuse de comédie musicale, compose désormais sur Ableton Live, doté sans doute du contrôleur Push, si l’on en croit ces sons qui jaillissent dans tous les sens, entre voix voicodées, guitare avec le delay poussé au max, samples de synthés pitchés, flûte traversière passée au filtre… Tanja, qui dit faire “très attention à ne pas s’engager avec un genre en particulier”, consent à citer ses esthétiques favorites – en vrac, Saint-Etienne, la space-age pop (sic), la musique lounge française et italienne des 70’s/80’s, les BO de films érotiques – et un artiste, Eyedress, un producteur philippin inconnu chez qui on retrouve effectivement l’esprit synth-pop 80’s. En tout cas, Lomboy a déjà fait un carton avec le single Loverboy, extrait de ce maxi sorti l’été dernier, dont l’esprit a été parfaitement résumé par ce commentaire d’une internaute visiblement inspirée sur YouTube : “J’ai l’impression que cette chanson est une intelligence artificielle qui personnifierait tout ce que je trouve attrayant et qui me séduirait pour que je devienne son esclave. Mais il y a des bugs qui permettent d’entendre sa vraie voix mécanique.” Pas mieux. © Smaël Bouaici/Qobuz