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Chronique

Arrivé sous les projecteurs à la fin des 00’s avec sa house hypnotique signée sur le label Border Community, le producteur de Norwich Luke Abbott avait laissé un vide de six ans dans sa discographie, depuis Wysing Forest en 2014. L’Anglais, en plein questionnement, s’était lancé dans de nouveaux projets, des BO de films, un alias plus dancefloor (Earlham Mystic), et surtout le trio de jazz expérimental Szun Waves avec Jack Wyllie de Portico Quartet (saxophone) et Laurence Pike de PVT (batterie) – sans compter la BO/album pour le Piano Day en 2019, Music from the Edge of an Island. Le voici de retour sous son propre nom, avec un album très conceptuel, Translate. “J’ai toujours été intéressé par l’idée de capturer la spontanéité dans la musique. Le moment d’excitation quand tu fais quelque chose de nouveau pour la première fois. C’est ce moment que je voulais enregistrer.” Pour y parvenir, il s’est fait aider par James Holden, le francophile créateur du label Border Community (“ingénieur du son et guide spirituel”, dixit Abbott), qui a remodelé son studio londonien pour l’occasion. Huit haut-parleurs ont été répartis dans la pièce, un pour chaque partie du morceau. Luke Abbott, au centre, a enregistré le disque comme une série de petits live, ce qui donne à l’album un grain et une intensité qui changent de ses productions des débuts, plus mentales, alors qu’ici, on sent le “corps” de la musique. Cela s’entend dès le début, avec le menaçant single, Kagen Sound, dont les synthés suintent comme des nuages d’orage, décrit “comme un couloir cosmique” par Abbott, qui signe ici l’un de ses albums le plus intéressants. © Smaël Bouaici/Qobuz