R&B Diva

Chronique

Au milieu des années 1990, Faith Evans est née diva. Le R&B fabriquait sa révolution culturelle, laissant de côté (et à Whitney Houston) la musique de papa pour incorporer à la fois les beats mais surtout l’esprit du hip hop. La reine de ce nouveau genre qui triomphe encore aujourd’hui (Rihanna) était bien sûr la gamine de Yonkers, Mary J. Blige mais Faith Evans venait juste derrière et additionnait les succès, les disques de platine et bientôt un titre à vie de reine veuve quand après un mariage qui fut bref et houleux, son époux Notorious B.I.G. se faisait dessouder pour entrer dans la légende un peu plus. 

Désormais surnommée « The First Lady » (c’était le titre de son quatrième album), la chanteuse, auteur, productrice, élevée au sein des chorales religieuses qui lui donnèrent cette puissance veloutée de soprano urbain ne combat plus, en 2012, dans la même catégorie que les gamines qui partent à l’assaut des charts. Mais elle a pour elle une légende, et une voix parmi les plus chaudes depuis Aretha Franklin. Ce qu’on vérifie sur ce qui n’est pas exactement son sixième album puisque R&B Divas est un reality show qu’elle produit et anime. 

Sur cette compilation disparate quoique unifiée par une couleur musicale classique, l’intro « Lovin’ Me », performée par Faith Evans avec ses consœurs Nicci Gilbert, Monifah, Syleena Johnson et Keke Wyatt plante le décor du show comme du disque. Toutes voix dehors, crescendos vertigineux et groove imperturbable tricoté par des requins de studio blanchis sous le harnais. La fine équipe se retrouve au complet sur « Sister Friends », de la même eau caramélisée. Faith Evans récupère l’essentiel des chansons ainsi que la photo sur la pochette mais on entend quand même, entre divers duos et trios, des solos de chacune des partenaires auxquelles on ajoutera Kelly Price, impériale sur un très gospel « Jesus Loves » (en même temps c’est marqué dans le titre) terminal qui vous emmène vers l’extase religieuse si vous mangez de ce pain là. 

L’extase auditive étant garantie, pour peu qu’on soit sensible à cette tradition séculaire de la « voix féminine afro-américaine » célébrée à travers cette compilation. Alerte dans « Mr. Superfly », ou « Dumb », sereine dans « Too High For Love », Faith Evans n’a plus rien à prouver et elle fait le job pour lequel elle est née. Elle chante. Bien, avec classe, ce qu’il faut d’émotion et tout le savoir-faire requis. Les chansons véhicules ne sont certes pas des monstres de créativité ni des tubes appelés à devenir inaltérables. C’est du tout venant de R&B sans les artifices club d’aujourd’hui mais sans trop de violonnades old school non plus. De toute façon, on n’écoute que les voix...
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