Kuula: Works for Violin & Piano

Chronique

Quand on est Finlandais, qu’on est de dix-sept ans le cadet de Sibelius, qu’on étudie en Finlande avec Sibelius (qui a pris bien peu de disciples, de surcroît), il est bien difficile de s’échapper de l’immense force de gravitation sibelienne. Un des expédients, bien sûr, est de ne pas trop s’aventurer dans le même répertoire ; un autre est de poursuivre son cursus d’étude dans une toute autre atmosphère. C’est ainsi que Toivo Kuula (1883-1918) partit étudier à la Schola Cantorum, et qu’il écrivit surtout de la musique de chambre, des œuvres pour chœur et orchestre et des Lieder pour voix solo ou pour chœur. Si son œuvre se limite à moins de quarante numéros d’opus, c’est avant tout parce qu’il mourut à l’âge de trente-quatre ans des suites d’une blessure, une lamentable affaire politique – Kuula était membre du Mouvement fennomane qui militait en faveur d’une Finlande libérée de la Russie (ce qui fut fait en 1917) mais aussi d’un plus grand développement de la culture et la langue finnoises. Voici rassemblé un bel éventail de sa musique pour violon et piano, couvrant la majeure partie de sa période créatrice, de la Sonate Op. 1 jusqu’aux Deux pièces Op. 22. L’auditeur aura pleinement le droit de déceler de nombreuses influences franckistes – la Schola Cantorum ! – dans les tournures mélodiques (y compris celles empruntées au fonds traditionnel finlandais) et harmoniques. Voilà de bien belles pièces qui jettent un éclairage différent sur la création de ce pays au début du XXe siècle, hors de la sphère de Sibelius. © SM/Qobuz