Freight Train and Other North Carolina Folk Songs and Tunes

Chronique

L’histoire d’Elizabeth Cotten est un drôle de conte. Cette femme a sorti son premier album en 1957, à l’âge de 62 ans. Elle était donc née en 1895. A 8 ans, elle apprenait le banjo. Puis elle s’est mise à la guitare, qu’elle jouait en gauchère sur un instrument de droitier avec les cordes à l’envers, comme Jimi Hendrix mais en faisant moins de bruit. Cette guitare, elle l’a très vite remisée pour devenir domestique à 12 ans, maman dès 15 ans, puis employée de maison et nounou dans la famille du musicologue Charles Seeger (le père de Pete, Mike et Peggy, grands noms du folk). C’est Charles Seeger qui permis à Elizabeth de sortir un premier album sur le label Folkways, qu’elle a largement enregistrée chez elle, tranquille. Et contre toute attente, ce disque est devenu un classique, notamment pour le morceau Freight Train, ritournelle folk-blues qui a fait un vrai tube en Angleterre, puis a traversé les époques. Jusqu’en 1970, Elizabeth Cotten a continué à travailler, tout en faisant des concerts et quelques disques. Guitariste autodidacte, elle a développé un jeu en picking à la fois virtuose et très doux, mélodique et ouvert, qui sert encore d’exemple aujourd’hui aux apprentis de la guitare folk. Instrumentale ou chantée d’une voix à peine assurée, sa musique paisible rappelle celle de Mississippi John Hurt : le summum de la délicatesse dans le folk-blues. © Stéphane Deschamps/Qobuz