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Chronique

Le troisième album studio de la chanteuse néo-zélandaise Brooke Fraser, désormais résidente californienne, aura donc nécessité près de deux années avant d’accoster les rivages hexagonaux. Il est précédé à la fois d’une réputation flatteuse et d’un authentique succès commercial.

Ce qui est amplement mérité pour une artiste – par ailleurs co-optée par le lobby catholique américain – qui s’inscrit dans le droit fil de la tradition populaire mainstream de la chanson anglophone qui, de Carole King à Carly Simon, a valu quelques étincelantes pépites.

Produit par la chanteuse en personne, ce disque offre toutes les facettes d’un talent aussi frais que spontané : d’un « Something In The Water » d’ouverture, propice à faire taper dans les mains les audiences les plus farouches, à l’acidité de « Betty » ; du duo consensuel avec Aqualung (sensation de la télévision britannique) grâce à « Who Are We Fooling? », à la performance vocale de « Coachella » ; ou la validation de certaines racines irlandaises dans « Here’s to You », Brooke Fraser réalise l’exploit d’être toujours identitaire, et toujours différente. Avec l’âge est venu une capacité à une plus grande profondeur d’écriture, le goût pour certaines audaces de composition (les sonorités exotiques et parfaitement tropicales de « Jack Kerouac »), et l’acceptation de se présenter, tendre ou mélancolique, devant ses auditeurs.



Un album qui, tout en traçant son sillon dans les contingences finalement assez étroites de la pop adulte, parvient à s’en extraire pour créer la différence entre travail bien fait et œuvre sensible. Et, donc, une réussite.

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