Everything Matters

Chronique

Conséquence du fétichisme pour les machines qui règne dans le milieu, les musiciens électroniques sont de plus en plus nombreux à se détourner de ce culte de Roland pour intégrer des éléments organiques dans leurs compositions, à l’instar de Max Graef, Glenn Astro, Henry Wu ou Neue Grafik, quand ils ne montent pas carrément un groupe (Secret Value Orchestra avec les producteurs Flabaire et Mézigue). Signé sur le label français Nowadays, qui héberge notamment Fakear et La Fine Equipe, Clément Bazin a choisi d’incorporer le steel-drum au milieu de basses et beats synthétiques. Ça n’a rien d’une lubie : il a découvert cet instrument enfant, à l’âge de 10 ans, lors d’une fête chez un voisin. Le son doux et cristallin de cette grande poêle incurvée originaire de Trinité-et-Tobago le hantera toute sa jeunesse, jusqu’à devenir la base de son concept musical, qu’il inaugure en 2016 avec son premier maxi/mini-album Return to Forever.

Grâce au single With You, qui cumule 8 millions d’écoutes, le public et la critique s’aperçoivent que l’association de ces sons fonctionne plutôt bien. Ce succès permet à Clément Bazin de partir en tournée avec Fakear et Petit Biscuit, intégrant du même coup cette scène “électro posé” si prisée par les majors. Mais avec un tel sens de la pop, il peut sans doute viser plus haut encore. Sur ce premier long format, Everything Matters, le Français met toutes les chances de son côté, en recasant With You dans la tracklist pour ceux qui l’auraient raté, mais aussi avec un premier titre qui a tout d’un hit, Roméo, avec sa voix autotunée et son beat à la Major Lazer. Il enchaîne sur un potentiel tube de l’été, Catch Me, avec la voix langoureuse d'Aaricia, avant une grande distribution de sucreries entre future beats, dancehall, soca ou électro-pop, qui pourrait faire encore grimper la cote de Clément Bazin. On ne sous-estimera plus jamais la puissance du steel-drum… © Smaël Bouaici/Qobuz