Dieren: Symphony No. 1, Op. 6 "Chinese"

Chronique

S’il a volontiers accepté l’influence des tenants de l’atonalité du début du XXe siècle, le compositeur néerlandais (qui vécut quasiment toute sa vie en Angleterre) Bernard van Dieren n’en subit pas moins celle de musiciens tels que Delius avec son contrepoint diaboliquement complexe et ses harmonies qui gomment la tonalité plus qu’elles ne la fuient. Dans sa Chinese Symphony de 1914, il n’est pas interdit de voir des couleurs et des conduites thématiques à la Schönberg, y compris le Schönberg des Gurre-Lieder. Les huit mouvements glissent insensiblement l’un dans l’autre, alternent entre voix accompagnées et orchestre seul, et l’effectif orchestral est vraiment immense même s’il est rarement utilisé à pleine puissance... Voilà un ouvrage extraordinairement intrigant qu’il est très, très intéressant de découvrir ; on notera que les textes, chantés en allemand, sont tirés du même recueil à partir duquel Mahler a écrit son Chant de la Terre ! Mais le parallèle avec Mahler s’arrête là. On entendra aussi Les Propos des beuveurs d’après Rabelais, un ouvrage de 1921, dans lequel l’on comprendra que l’atonalité n’est pas tout, que l’on peut avoir été assez atonal en 1914 et beaucoup moins sept ans plus tard ! © SM/Qobuz

« [...] Éminent interprète de Delius, William Boughton confère à ces chromos la juste nuance estompée, magnifiquement secondé par les voix. Robuste et pleine d’allant, la polyphonie diatonique de l’Introit exploite une veine rabelaisienne truculente [...], tandis que le timbre chaleureux de Raphael Wallfisch se révèle particulièrement approprié aux effusions de l’Élégie : Delius semble maintenant dialoguer avec Busoni. Avec cette splendide parution, la découverte tardive de cet étrange musicien s’amorce sous de favorables auspices. » (Classica, novembre 2017 / Michel Fleury)