Chamber Music Society

Chronique

Le petit monde du jazz n'avait pas connu tel artiste complet depuis bien longtemps. Surgie de nulle part, disons, du Berklee College of Music de Boston tout de même, Esperanza Spalding se paie le luxe de tutoyer les géants en sa qualité de compositrice, (contre-) bassiste, interprète et productrice. Après avoir emballé la critique avec ses deux premiers albums, Junjo en 2006 et Esperanza deux ans après, voici qu'elle entre dans la cour des grands et passe pour une future star avec l'ambitieux Chamber Music Society.

Pour l'accompagner dans la tâche de surpasser son prédécesseur, la jeune afro-américaine a fait appel aux services de brillants collaborateurs. Outre son quatuor de fidèles, elle s'est acoquinée avec la légende brésilienne Milton Nascimento sur le magnifique « Apple Blossom », soutenu par le guitariste Richard Vogt, la voix enchanteresse de Gretchen Parlato (sur « Inutil Paisagem » d'Antonio Carlos Jobim), ainsi que d'une section de cordes qui mène la danse tout au long de ces onze plages étincelantes.

Des prouesses comme « Little Fly » et « Wild Is The Wind » de Dimitri Tiomkin (avec David Eggar), ou les titres se prêtant à ses vocalises onomatopées (« Chacacera », « What A Friend »), rappellent que le chant est un art exigeant et délicat. Avec une grande sérénité, Esperanza Spalding exprime une large palette de sentiments d'une concision qui fait d'elle une étoile à suivre.



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