Brilliant

Chronique

La tournée Return to Eden (2009) fut un tel succès qu’elle incita le groupe phare de la British New Wave à remettre les gants, et à enregistrer, après dix-huit années de silence (pourquoi lit-on partout vingt-huit, puisque le précédent album, Ingenuity, fut produit en 1994 ?), les douze nouvelles chansons qui composent Brilliant.

Pour l’occasion s’est naturellement reconstitué le casting emblématique du groupe, celui qui, à partir de 1977, déploya ses fastes charmeurs et romantiques (à défaut d’avoir été exilé aux confins de la galaxie, on se souvient immanquablement de « Dancing With Tears In My Eyes »), autour du chanteur Midge Ure, du bassiste Chris Cross, du claviériste Billy Currie, et de Warren Cann à la batterie. On a dès les premières mesures du disque l’absolue conviction qu’il s’agit bien d’Ultravox, mais le groupe a eu la sagesse de muscler quelque peu son inspiration, et d’enrober ses mélodies catchy de sonorités parfaitement contemporaines, ce qui évite l’écueil d’une nostalgie mal digérée.

Naturellement, on ne pourra toutefois s’empêcher de relever ici ou là certaines nuances harmoniques empruntées à quelques glorieux contemporains – U2 ou Pet Shop Boys – et leur sens du lyrisme et du rock héroïque redonne également vie aux très oubliés Simple Minds. Néanmoins, toutes les sélections s’ornent de délicates attentions sonores (un climat envoûtant, une électronique roborative, des chœurs entraînants) et d’une réjouissante permanence dans le savoir-faire. Ultravox est toujours un groupe habile à générer le bien-être (« Live »), à patiner ses émotions (« Flow »), ou à lorgner vers d’autres horizons (le très oriental « Satellite »).



Pour le reste, Brilliant exsude le bonheur de jouer (sincère ou affecté, mais dans le deuxième cas, sacrément beau boulot), et le goût du travail bien fait. Certes, pour paraphraser un célèbre poète francophone, cela ne va pas changer le monde. Mais procure bien du plaisir.
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