awE naturalE

Chronique

Dans l'éternel débat des pour et des contres les relations amoureuses au travail, on trouve avec THEEsatisfaction un argument massue en faveur de la vie de couple au turbin. Stasia Irons et Catherine Harris-White forment en effet un duo à la ville comme sur disque des plus remarquables. Lesbiennes, noires et Bgirls hip-hop, un triptyque d'enfer qui aurait pu faire couler beaucoup de mauvaise encre si THEEsatisfaction n'avait proposé qu'une succession de clichés rap. On en est assez loin avec awE naturalE, un album aussi cool que recherché, plus proche de la soul sixties que du string à capuche.

L’ouverture de awE naturalE avec « Bitch », en forme d'hommage à Peaches sur une rythmique très africaine, donne le ton du disque : THEEsatisfaction propose du neuf mais connaît ses classiques. À l'image de « Queens » et « Existing », les deux soul sisters confirment qu'elles baignent dans une vague black & soul très bien maîtrisée. Sans jamais surjouer le rôle de la diva à la voix de velours, THEEsatisfaction puise pour autant ses influences dans les refrains de la Motown. La production subtile, simple et enivrante de « Deeper » est là pour rappeler que nous sommes pour autant bien en 2012.

À partir du milieu de l'album, Stasia Irons et Catherine Harris-White se lâchent et proposent quelques perles hip-hop sacrément efficaces. L'alchimie est parfaite avec « Sweat » qu'on conseillera d'écouter très fort pour ressentir la moiteur d'une chaude nuit d'été. Rebelote avec « God » et « Enchatruss », en duo avec Palaceer Lazaro de Shabazz Palaces, qui surfent avec le free jazz. « Needs » propose une ambiance sophistiquée et chaleureuse avant que awE naturalE ne se referme par « naturlE », un dernier uppercut à la Tyler, The Creator. Sans jamais chercher la provocation inutile, et à force de compositions dénuées d'effets de styles superflus, awE naturalE réussit le mix parfait entre la nouvelle génération hip-hop et les classiques de la discipline. De quoi faire tomber de très haut toute la team des rappeurs misogynes.

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