20/20

Chronique

Saga est un groupe confortable, en ce sens que, claviers impériaux privilégiés par le mixage, et vocaux matois de Michael Sadler (de retour après quelques errements, le chanteur originel reprend sa place avec une aisance déconcertante, éjectant de par le fait son successeur Rob Moratti, retourné à une hypothétique carrière solo), les dix chansons de ce nouvel album – vingtième du catalogue, d’où le titre, qui est également une allusion à une opération des yeux subie par le claviériste Jim Gilmour - ont tout pour rappeler les fondamentaux du son du groupe, peaufiné depuis plus de deux décennies. Et, donc, ravir les fans des Canadiens.

 



Car on n’écoule pas les disques par containers entiers (huit millions d’albums vendus de par le monde) sans développer une capacité certaine à l’excellence dans son domaine de prédilection, en l’occurrence, un rock sage et un hard policé aux visées progressistes. Et, de ce point de vue, le remplacement du batteur historique Brian Doerner par Mike Thorne, originaire de Toronto, ne modifie rien à la perspective. Trois années après leur dernier effort en studio en date (The Human Condition), les cinq musiciens se sont en effet attachés à peaufiner des chansons plutôt dynamiques (reconnaissons à « Spin It Again » une énergie non feinte), aux riches harmonies vocales (« Lost For Words »), et dotées d’un très habile appariement entre synthétiseurs en cascade, et soli incisifs du guitariste Ian Chrichton.

 



Archétypal d’un groupe qui sillonne manifestement avec plaisir ses propres plates-bandes, 20/20 s’impose assurément comme l’un des fleurons de la musique progressive de 2012 : un constat troublant (quelle musique progressive qui ne soit pas passéiste en 2012 ?), mais absolument avéré.

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