Times of Transition: Cello Concertos by C.P.E. Bach & Haydn

Chronique

Le voisinage d’un concerto pour violoncelle de Carl Philipp Emmanuel Bach avec ceux de Joseph Haydn est des plus judicieux pour des raisons aussi historiques que stylistiques. Tout d’abord parce que Haydn admirait sincèrement la musique de son aîné et parce que, à dix ans d’intervalle, ils parlent la même langue et s’affranchissent tous les deux du langage baroque en inventant le classicisme, chacun avec son génie particulier. C’est le temps de la transition (« Times of transition ») ainsi que le clame le titre de cet album.

Le Concerto en la majeur de C. P. E. Bach, comme ceux de Haydn, exige une grande virtuosité alliée à la sensibilité passionnée de l’« Empfindsamkeit », ce mouvement sentimentaliste allemand s’opposant au rationalisme propre aux Lumières françaises. Son expression à fleur de cœur se retrouvera aussi dans le Concerto en ut majeur de Haydn retrouvé à Prague en 1961, exactement deux siècles après sa composition. Quant au Concerto en ré majeur dont la paternité a longtemps été disputée, il a souffert pendant de nombreuses années du tripatouillage assez malhabile du compositeur belge François-Auguste Gevaert avant d’être définitivement attribué à Haydn et de retrouver son écriture originale.

Accompagné par le Concerto Copenhagen dirigé du clavecin par Lars Ulrik Mortensen, le violoncelliste suédo-danois Andreas Brantelid donne une traduction chatoyante de ces trois œuvres, soulignée par la sonorité ambrée et douce de son instrument monté en cordes en boyau, et une agilité technique toujours au service de l’expression. © François Hudry/Qobuz