Stockhausen: Stimmung (Paul Hillier & Theatre of Voices)

Chronique

Après avoir élaboré les éléments essentiels de la musique électronique, exploré la spatialisation du son, expérimenté les mélanges de diverses musiques et techniques de collages, Karlheinz Stockhausen revient avec cette partition sur la part de responsabilité des interprètes dans l’exécution d’une œuvre.

Suite aux cellules éparpillées de Klavierstücke XI (1956), aux suggestions volontaires de la musique dite « intuitive » dans  Aus den sieben Tagen (1968), Stimmung , une pièce pour six chanteurs (avec possibilité d’amplification) écrite en 1968, surfe sur une nouvelle vague de la musique aléatoire. Elle se compose de feuillets mobiles (chacun destiné à un chanteur), d’une page de « Modèles » et d’une page de « Noms magiques ». Chaque chanteur dispose de huit à neuf modèles et de onze noms magiques (issus de diverses mythologies) qu’il peut, tout en suivant un schéma formel, introduire librement dans le jeu. Les autres peuvent y répondre avec des transformations, des unissons, des « oscillations » selon leur gré car rien n’est dirigé.

En plus des incantations orientales qui composent Stimmung, c’est surtout la manière de chanter qui retient l’attention : « stimmung» signifiant accords d’intervalles purs, les vocalistes doivent chanter les deuxième, troisième, quatrième, cinquième, septième et neuvième harmoniques de si bémol, créant ainsi un climat méditatif. « Le temps est aboli, on écoute à l’intérieur du son, à l’intérieur du spectre harmonique. Tous les sens sont éveillés et calmes. Dans la beauté du sensuel brille la beauté de l’éternel ».

Cette partition est très caractéristique de Stockhausen, utilisant les principes aléatoires afin d’encourager les musiciens à pratiquer la musique intuitive, mais tout en garantissant la libre ordonnance des éléments entre eux.



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