Pictures And Paintings

Chronique

Pictures and Paintings est sans aucun doute le disque qui représente le mieux la personnalité de Charlie Rich. Pendant quarante ans, il fut associé à la country music mais l’homme s’avère bien plus complexe. Rich ne rentre pas dans les cases. A l’origine, tout le prédisposait à devenir chanteur de jazz, comme en témoignaient ses écoutes : Dave Brubeck, Miles Davis ou Count Basie… Certes, il revêtait un style et une attitude country, mais au fond, Rich a toujours été habité par le jazz, le blues. Longtemps, il se mettait à nu dans ses ballades pop/country sur lesquelles retentissait sa voix de crooneur. Pas toujours facile d’interpréter des titres comme Sittin' and Thinkin', Life Has its Little Ups and Downs, Take Me ou encore Sometimes I Feel Like a Motherless Child. Des chansons qui parfois font écho à sa vie intime.

Il y a comme une nostalgie, une mélancolie qui habite ce personnage lorsqu’il chante. Et pourtant, sur Pictures and Paintings, son dernier disque, tout change. La voix de crooner n’est plus. Sur ce jazz langoureux, tout est sincère, intense, entier. Comme si Charlie Rich chantait enfin quelque chose qui lui ressemble et dans lequel il s’épanouit. Rien n’est dur sur cet album où les titres s’enchaînent avec fluidité. Toutes les chansons sont composées avec son âme quand il ne s’agit pas de reprise. Produit par Scott Billington avec le soutien de l’écrivain et journaliste Peter Guralnick et de Joe McEwen, Picture and Painting relève d’une richesse et d’un éclectisme somptueux. Un swing entraînant dès l’ouverture avec le titre éponyme, un jazz-blues sur Don't Put No Headstone on My Grave ou encore une certaine pop romantique que Rich a toujours su maîtriser avec Somebody Broke Into My Heart. En 1992, Charlie Rich a 60 ans et s’éteindra trois ans plus tard. Mais sa voix est intemporelle. © Clara Bismuth/Qobuz