Méridiens

Chronique

Dix ans après ses premières rêveries psychédéliques sur 613, son premier album, Chapelier Fou continue d’explorer musiques acoustiques et électroniques, et surtout de les entremêler. Sur Méridiens, première partie d’un diptyque qui sera complété par Parallèles au printemps, issu de la même session de studio, le musicien originaire de Metz dessine un entre-deux captivant. Si le premier titre, L’Austère Nuit d’Uqbar, laisse surtout transparaître sa formation de violoniste, les suivants, Constantinople, ou le thème hanté d’Insane Realms, se laissent conquérir peu à peu par l’electronica et les synthés modulaires, qui se confondent avec les cordes. Une approche très directe de la musique électroacoustique qui crée des moments intéressants et des morceaux en deux temps, comme Asteroid Refuge, un peu noisy au début, à jouer en club ou dans un film de SF au milieu, avant de muer en un étrange dialogue entre boîte à rythme, synthé et cordes jouées prestissimo. On retrouve ce même enchevêtrement sur Le Désert de Sonora : une première partie au violon et un synthé qui vient lentement mais sûrement remplir la scène sonore, puis le climax laisse place à un couplet instrumental façon new wave dans un étonnant renversement de structure. Chapelier Fou ne s’interdit rien et ose tout, tant mieux pour nous. © Smaël Bouaici/Qobuz