Kanawa

Chronique

Originaire comme Oumou Sangaré de la région du Wassoulou, à cheval entre la Côte d’Ivoire, la Guinée et le Mali, dont elle est citoyenne, Nahawa Doumbia est une des chanteuses les plus attachantes de la musique mandingue. Son timbre légèrement voilé est unique, sensuel et saisissant, ses prises de position sur la société pleines de bon sens, le rythme traditionnel didadi dont elle est devenue le symbole irrésistible. Plutôt absente des radars occidentaux dans la dernière décennie, elle ressurgit avec cet excellent Kanawa grâce au clairvoyant travail du label new-yorkais Awesome Tapes From Africa, qui, après avoir réédité des perles de son passé, nous apporte ce tout nouvel album.

Aux instruments traditionnels luth n’goni et kamélé n’goni et percussions diverses s’ajoute la guitare acrobate de son mari et complice de la première heure N’Gou Bagayoko et des arrangements numériques discrets et efficaces. La diva chronique avec vigueur et sagesse la violente et instable situation de son pays. Le morceau-titre, qui signifie “Ne pars pas”, incite la jeunesse à ne plus risquer sa vie en fuyant le pays et exhorte les autorités à leur trouver du travail. Il y a des coups de feu dans Foliwilen et un éloge de la patience sur Adjorobena, où Nahawa est rejointe par sa fille Doussou, pionnière de l’electro-pop malienne, elle-même élevée au rang de star nationale. Nahawa Doumbia n’a pas perdu une once de son pouvoir de conviction : son chant électrise, hypnotise et sa musique est toujours aussi jubilatoire.  © Benjamin MiNiMuM/Qobuz