Detroit's Son

Chronique

Bien sûr, le destin de Guilty Simpson est intimement lié à Détroit, la ville qui l’a vu naître en 1980. C’est là qu’il fit ses armes au sein du collectif The Almighty Dreadnaughtz sur une scène locale déjà riche d’éléments forts tels qu'Eminem, D12, Black Milk ou Slum Village. Mais c’est paradoxalement en Australie, patrie du producteur de ce nouvel opus, Katalyst, membre du collectif Quakers, qu’il est allé donner corps à ce nouvel opus hommage à la Motor City, offrant ainsi une suite à sa mixtape de l’an passé, Simpson Tape, entièrement produite quant à elle par le Californien Oh No.



Sans être brillant, Detroit’s Son est un bon album sur lequel le flow menaçant de Guilty Simpson semble toutefois branché au courant alternatif. Si d’emblée l'on est happé par les énormes synthés de « R.I.P. », on s’essouffle quelque peu à la longue, notamment à l’écoute du poussif « Blue Collar », tandis que certains morceaux cassent littéralement la dynamique de l’album, se mettant de fait hors sujet, comme « The Music », « Beautiful Death », « Ghetto » ou encore « Power Outage », qui clôt l’album en s'imposant comme un intrus. Fort heureusement, la copie obtient au final une bonne moyenne grâce à des titres bouillants tels que « Blunts in the Air », « Smoking », « Money », « The D » ou « Detroit’s Son ».



Avec ses guitares torturées, « Fractures », qui enregistre la participation de Fat Ray, décroche quant à elle l'insigne honneur de meilleure chanson du disque, disputé jusqu’au bout par « Dirty Glove », faisant pour sa part appel au rappeur de Détroit Phat Kat, impeccable pour l’occasion. Si un léger sentiment de déception domine à l’arrivée, c’est sans doute parce qu’on a conscience de passer de peu à côté d’un grand album, sans doute trop conçu comme un assemblage de titres aux ambiances différentes. Ce manque d’homogénéité n’empêche toutefois pas Guilty Simpson d’inscrire une nouvelle ligne, loin d’être honteuse, à un CV déjà bien fourni.
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