Où commence et où s'arrête la trap ? Comment un sous-genre très codé du rap du Sud des États-Unis en est-il venu à muter au point d'innerver la pop mondiale et de presque se confondre avec elle ? Historique et controverses.

La question de la paternité du genre est devenue l'un des sujets les plus discutés sur les sites spécialisés et fait l'objet de joutes par médias interposés entre rappeurs - notamment T.I. et Gucci Mane. Le premier, qui commence sa carrière en 2001 avec l'album I'm Serious, clame à qui veut l'entendre que c'est avec le bien nommé Trap Musik (2003) qu'il inaugure le genre, proposant une alternative entre le crunk de Lil Jon et le son mijoté par le collectif Organized Noise pour le duo mythique d'Atlanta, OutKast. Le très influent Gucci Mane, quant à lui, brandit son premier album, Trap House, publié en 2005, comme acte de naissance de la trap music. Cette guerre des ego mise à part, il convient avant tout de préciser en quoi consistent les fondamentaux du genre. Et c'est avec une boîte à rythmes analogique, qui n'aura été commercialisée que pendant trois ans (entre 1980 et 1983) par le constructeur Roland, que l'histoire a commencé. La TR-808 – c'est son petit nom – est l'un des premiers modèles à permettre à son utilisateur de programmer ses propres séquences rythmiques (plutôt que d'utiliser celles déjà installées). Semi-échec commercial, vilipendée pour l'incongruité et le manque de réalisme de ses kits de batterie, la TR-808 ne sera fabriquée qu'à 12 000 exemplaires avant d'être retirée du marché. On ne compte pourtant plus les classiques à avoir profité de sa grosse caisse reconnaissable entre toutes (du Sexual Healing de Marvin Gaye au Planet Rock d'Afrika Bambaataa).

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