Né dans les favelas de Rio à la fin des années 80, le baile funk s’est peu à peu imposé comme le style de musique le plus populaire au Brésil, poussant doucement la samba et la bossa-nova vers les musées. Retour sur l’histoire de ce pur produit carioca qui a fini par trouver sa propre voie vers le mainstream.

Pour le baile funk, au commencement était Planet Rock. Ce qui est valable pour Juan Atkins, l’inventeur de la techno, et pour Egyptian Lover, le parrain du gangsta rap, l’est aussi pour DJ Marlboro, le créateur du funk carioca, un genre qui a traversé les océans sous le nom de baile funk. C’est justement pour relancer les “baile funk” (les bals funk donc, les block parties des favelas de Rio), qui s’endormaient un peu à la fin des années 80, que Marlboro a décidé de créer une version brésilienne de ce nouveau son en provenance des Etats-Unis, l’électro-funk. Ce proto-rap, lancé par le tube planétaire d’Afrika Bambaataa, se transforme quelques années plus tard en ce qu’on appellera la Miami bass, en bref du rap sur des beats de TR-808 (la légendaire boîte à rythme de Roland) avec un côté plus dansant.

Marlboro rassemble une poignée de MC autour de lui et sort le premier volume d’une série de compilations intitulée DJ Marlboro Apresenta Funk Brasil en 1989. C’est le début d’un rap “street” brésilien, encore copié collé du rap américain, avec des “funky DJ” lâchés sur le refrain entre deux blips de 808, ou des samples du fameux The Roof Is on Fire de Rock Master Scott & the Dynamic Three de 1984.

Une compile (Rap Brasil en 1995) et un premier tube émergent de cette période quasiment préhistorique, Feira de Acari de MC Batata en 1990, assez emblématique avec ce beat de 808 qui prend un tour plus joueur, enfantin, presque “sambaïsé”. Musicalement, cette première décennie du funk carioca est marquée par l’utilisation massive d’un sample du morceau 808 Volt Mix, sorti en 1988 par le beatmaker de Los Angeles DJ Battery Brain, qui va servir de base rythmique au funk carioca pendant dix ans. Jusqu’en 1998 précisément, quand le DJ Luciano Oliveira, dans l’idée “d’enrichir” le Volt Mix, crée le “tamborzão”, un rythme plus complexe, plus percussif, plus moderne, et surtout plus brésilien.

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