Illinois Jacquet
Jean-Baptiste Illinois Jacquet est un musicien déterminant apparu dès le début des années 40. Il remporta un succès phénoménal suite à son solo dans « Flying Home », il n’avait que 20 ans, en 1942. Ce seul solo sera l’un des plus copiés de l’histoire du jazz au point de devenir un style à lui tout seul. Il définira l’archétype du rock’n roll instrumental et influencera des générations de saxophoniste du rock ‘n roll, du rhythm’n blues, de la soul, du funk. Certains construiront même leur carrière à partir de ce seul morceau (Joe Houston, Big Jay McNeely, Hal Singer, etc.). Il est le père de cet école de saxophonistes à la sonorité charnue et au swing ravageur surnommée « Texas Tenors »
Illinois Jacquet naît d'une mère sioux et d'un père créole à Broussard en Louisiane (31 octobre 1922) et déménage, alors qu'il est encore nouveau-né, pour Houston dans le Texas où il grandit auprès de ses six frères et sœurs. Il effectue ses premiers pas aux claquettes vers l'âge de 3 ans dans l’orchestre familial dirigé par son père, aux côtés de son frère, le trompettiste Russell Jacquet. Au cours de ses études il s'initie au saxophone alto puis il rejoint l'orchestre du trompettiste Milt Larkin entre 1939 et 1940. Il apparaît rapidement aux côtés de Floyd Ray à la fin de 1940. Il intègre l'année suivante l'orchestre de Lionel Hampton qui lui demande de passer au ténor. Son solo sur « Flying Home » lui assure une renommée internationale, il n’a pas 20 ans ! Illinois Jacquet devient membre de l’orchestre de Cab Calloway de 1943 à 1944 et apparaît dans le film Stormy Weather en 1943 avec la participation de la chanteuse de jazz Lena Horne. Il participe en 1944 au premier concert de Jazz at the Philharmonic où le public le remarque notamment sur un solo du morceau « Blues » sur lequel il mordait de façon particulière l'anche de son saxophone pour produire des suraigus ravageurs. Il réitère cet effet lors de son apparition dans le court-métrage Jammin' the Blues avec la chanteuse Billie Holiday et le saxophoniste Lester Young. Il intègre ensuite l’orchestre de Count Basie de 1945 à 1946 et remplace Lester Young. Il dirige son propre band en 1945 et réalise plusieurs tournées nationales entre 1947 et 1955, remportant unfranc succès. Il travaille par la suite, parfois seul ou avec ses propres formations, joue régulièrement au basson dans les années 1960 en trio avec le pianiste-organiste Milt Buckner ou avec Wild Bill Davis à l’orgue. En dehors de plusieurs participations avec l'orchestre de Hampton dans les années 1970, il effectue plusieurs tournées en solo en Europe. Dans les années 1980 il réalise plusieurs tournées avec un « all stars » baptisé « Texas Tenors » accompagné de Arnett Cobb et Buddy Tate, jouant au Newport Jazz Festival en 1980, au festival de Cork en 1983 et 1985 ainsi qu'à la Grande Parade du Jazz à Nice. Il est invité pour une conférence en 1982 auprès d'étudiants de l'Université de Harvard et devient à cette occasion le premier musicien de jazz à être « artiste résident » de cette université. Incité par les étudiants, il crée en 1983 un big band, The Illinois Jacquet Big Band qu'il dirige jusque dans les années 1990 et avec lequel il enregistre un album remarqué, « Jacquet's Got It! » en 1988. A l’occasion de ses 80 ans en 2002, le président Bill Clinton déclare même le 22 octobre, « journée Illinois Jacquet ». Il donne sa dernière représentation live le 16 juillet 2004 au Midsummer Night Swing Series au Lincoln Center. Il meurt d’une crise cardiaque chez lui à New York le 22 juillet 2004. Il est enterré au cimetière de Woodlawn, situé dans le Bronx (New York).
Avec des morceaux mémorables comme son solo sur « Flying Home » mais aussi ses compositions (« Robin’s Nest », « Black Velvet », etc.), Jacquet fait partie des saxophonistes qui ont été doublement influencés par les jeux de Coleman Hawkins et de Lester Young, passant facilement de l'un à l'autre, exploitant certaines ruptures provoquées par Hawkins dans un style R&B ou surfant avec désinvolture comme pouvait le faire Young sur ses ballades. L'auteur et musicien Ian Carr mentionne dans son ouvrage « The rough guide to jazz » à propos de l'influence de Jacquet que « malgré sa réputation sulfureuse de jouer les harmoniques dans le suraigu, Jacquet eu une influence considérable et souvent peu reconnue sur plusieurs générations de saxophonistes ténors de Eddie Davis à King Curtis et Scott Hamilton ». JMP©Qobuz
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