On disait Murat. Rarement Jean-Louis. Comme les grands finalement. Brel, Piaf, Brassens, Barbara, Gainsbourg, Ferré, Ferrat… À l’instar de ses illustres aînés, le chanteur, qui vient de s’éteindre le 25 mai 2023, était presque un genre à lui tout seul. Et si la langue française n’a jamais bénéficié d’une musicalité aussi grande que sa consœur anglaise, Jean-Louis Murat était toujours là pour rappeler, album après album, qu’on pouvait faire… autrement ?
Le hasard a voulu qu’il rende l’âme la veille de la sortie d’un magnifique Best Of. Une compilation rappelant comment l’inspiration de ce natif de Chamalières (63) était d’une rare richesse. Romantique, écorché vif, vindicatif, le Murat était pluriel mais toujours attaché à certaines valeurs, qu’elles soient géographiques (son Auvergne natale bien sûr mais aussi l’Amérique des grands espaces ou l’Italie) ou littéraires (il était grand lecteur de Léon Bloy, Georges Bernanos et Barbey d’Aurevilly notamment). Même en musique, son éclectisme était de mise et il pouvait passer de la new wave au blues en passant par la pop légère voire le funk ou la country. Jusque dans ses collaborations, Murat était insaisissable. Qui d’autre aurait pu enchaîner une séance avec les pontes de l’americana Calexico puis Mylène Farmer et Carla Bruni ?
Murat, c’était enfin un franc-parler d’une radicalité XXL. En 2019, Qobuz l’avait rencontré à l’occasion de la sortie de Baby Love. L’éclectique mélomane, aussi fan de Tony Joe White et Earth Wind & Fire que de Robert Wyatt, Curtis Mayfield ou J.J. Cale, signait un disque plus groovy qu’à son habitude et c’était l’occasion de converser avec lui pour évoquer justement sa passion pour la soul et le funk, ses coups de cœur du moment et surtout ce travail sur la langue, jamais de bois en ce qui le concernait. Une interview que Jean-Lous Murat ponctua évidemment de coups de crocs salvateurs et jamais gratuits dans une époque où les artistes sont de plus en plus lisses dans les médias. Séance de rattrapage en guise d’hommage :
