La carrière de Marcus Creed peut, à défaut de se résumer, se dire en peu de mots. Passé par les meilleures écoles anglaises (Cambridge, Oxford, Guildhall School), il a la particularité d'être resté très durablement à ses deux principaux postes, le RIAS Kammerchor (Chœur de chambre de la Radio de Berlin de l'ex-secteur ouest) de 1987 à 2001, et le SWR Vocalensemble depuis 2003. À quoi s'ajoute le Danish National Vocal Ensemble, depuis 2014.
Une de ses forces réside dans l'extension de son répertoire et de sa conscience stylistique : en tant que chef (d'oratorio essentiellement), il a dirigé aussi bien les grands ensembles sur instruments anciens allemands (Concerto Köln, Freiburger Barockorchester, Akademie für Alte Musik Berlin…) que des pièces contemporaines sophistiquées avec des orchestres traditionnels (co-chef de Gruppen de Stockhausen avec l'Orchestre symphonique de Berlin, aux côtés d'Abbado).
Aussi bien à la Radio de Berlin qu'à celle de Stuttgart, le style de Creed se caractérise par la recherche de la pureté du spectre sonore (le RIAS Kammerchor s'est d'ailleurs beaucoup épaissi depuis son départ, devenant plus « lyrique »), dans la direction exactement opposée des chœurs d'opéra. Même lorsque les voix sont rondes comme à Berlin (beaucoup plus translucides et pures à Stuttgart), le résultat est toujours limpide et lumineux.
Ce tropisme reste constant à travers tous les répertoires – il inclut de concéder que l'auditeur puisse vouloir plus de chair dans du répertoire russe, plus de couleurs dans du répertoire français –, mais ces qualités extraordinaires de clarté du spectre sonore, sans habiller artificiellement les lignes de vibrato ou de timbres lourds, demeurent partout précieuses. Pour entendre les lignes avec précision et épure, Creed demeure, en particulier avec la SWR, une adresse incontournable.
Créez un compte gratuit pour continuer à lire
