Stratosphere

Chronique

Le slowcore, comme son nom l’indique, s’amuse à faire tout le contraire du hardcore. Tempos lents, instrumentation minimaliste et prose centrée sur « pfff c'est chiant la vie », ce courant né aux États-Unis au cœur des années 90 a le mérite d’avoir lancé quelques embardées atypiques du rock indépendant local. Sur le papier, Duster ferait plutôt parti des seconds couteaux. De ces groupes cultes dont on s’échange le nom sous le manteau, entre gens qui sachent, mais qui peinent à élargir leur audience… Avec le temps, et grâce à l’entreprise de réédition de l’excellent label Numero Group, l’aura de Stratosphere, premier album de cette formation californienne originaire de San Jose, prend une ampleur inattendue. Pourtant, en 1998, lorsque Clay Parton, Canaan Dove Amber et, sur trois titres, Jason Albertini, enregistrent cet ovni pour le compte d’Up Records, label goûtu de Seattle ayant hébergé des gens comme Built to Spill, Modest Mouse, Quasi et Tad, ils semblent marcher sur les brisées de Galaxie 500, My Bloody Valentine et Low, en version mollassonne… En tendant l’oreille, c’est pourtant l’effet d’hypnose qui rend l’expérience fascinante. Les guitares en arpèges, un air de shoegaze sous Lexomil, une voix évoquant parfois celle d’Elliott Smith et cette rythmique métronomique et sombre sculptent la B.O. parfaite d’un dimanche pluvieux. Pas de fiesta totale, ni de chenille endiablée au programme, mais plutôt une agréable sensation de mélancolie XXL que chaque nouvelle écoute rend encore plus indispensable. Comme quoi, y’a pas de mal à se faire du mal… © Marc Zisman/Qobuz