Perdida

Chronique

Difficile pour les fans d’envisager la vie sans Scott Weiland, charismatique chanteur des Stone Temple Pilots, tragiquement disparu en 2015. Pourtant, Perdida marque la fin d’une décennie sans ce dernier puisqu’il n’avait plus chanté au sein du groupe depuis 2010 et l’album Stone Temple Pilots. Remplacé en 2013 pour un EP par Chester Bennington (chanteur de Linkin Park, lui aussi disparu en 2017), il a finalement laissé un vide que Jeff Gutt, depuis 2018 et l’album Stone Temple Pilots, s’efforce de combler. 

Avec Perdida, celui-ci semble faire évoluer le groupe du post-grunge et hard-rock vers un univers plus calme et introspectif, davantage pop-rock, voire folk par endroits. Le trio de chansons qui ouvrent ce huitième album, constitué de « Fare Thee Well », « Three Wishes » et « Perdida », est ainsi parfaitement représentatif de ces ambiances acoustiques et planantes, non dénuées de touches flamenco, comme sur la magnifique chanson-titre, où chœurs et cordes viennent soutenir une mélodie efficace à la mélancolie communicative. 

Pas un seul power chord à l’horizon, pas de distorsion, les Stones Temple Pilots concoctent un écrin de douceur tout au long des dix pistes de Perdida, dont des titres tels que « Years » sont le meilleur reflet. Jeff Gutt habite l’espace de sa voix bienveillante, suppléé sur le final par un saxophone triste. Pourtant, les anciens fans ne seront pas totalement dépaysés puisque de nombreux signaux leur sont envoyés tout au long du disque, que ce soit des changements d’accords proches d’anciens tubes, comme « Three Wishes » et son évocation sensible de « Pretty Penny », ou même des mélodies, comme le somptueux « I Didn’t Know the Time » qui s’achève sur un magnifique solo de flûte. Jamais en phase de dépression, les Stone Temple Pilots se drapent néanmoins dans une certaine nostalgie mais se tournent avec gourmandise vers le futur. Un futur dans lequel, si l’horizon musical du groupe n’a plus rien à voir avec celui qu’il fut il y a plus de deux décennies, la voix de Jeff Gutt s’approche toujours plus et de manière troublante de celle du regretté Scott Weiland. 

À ce titre, « Miles Away », possible meilleur morceau de ce disque qui s’articule autour d’un violon très typé tzigane, met en évidence leur incontestable proximité. À plus d’un titre, Perdida pourrait bien être une véritable renaissance.

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