Of Jupiter And Moons

Chronique

Avec ce quatrième album, ce groupe italien ambitionne plus que de simplement se mesurer à Epica, Nightwish, Within Temptation, Delain et autres Ayreon. Son power metal symphonique, il le présente comme « moderne » et en insistant lourdement. Pour ceux qui pensaient qu’associer heavy metal et musique symphonique était déjà le mariage de la carpe et du lapin, Temperance, qui pour le coup porte bien mal son nom, prétend donc y ajouter des sonorités actuelles. Dans les faits, ça se traduit essentiellement par quelques claviers ou samples techno trance épars qui ressemblent de loin à ceux de Calvin Harris ou Major Lazer. À moins que les musiciens considèrent aussi comme moderne leur talent certain pour des mélodies vocales à l’écriture très pop façon Evanescence, ce qui aura tout de même du mal à passer pour une réelle innovation. Dans l’ensemble, Temperance reste donc plutôt sagement dans les clous de la discipline.

Il aurait tort de trop s’en éloigner d’ailleurs, car il se place d’emblée parmi ceux qui dominent le mieux leur sujet. On pourrait même ajouter que ses membres possèdent un entrain et un raffinement qui tranche avec l’approche plus martiale des grands maîtres hollandais allemands ou scandinaves du genre. Il paraît dès lors plus proche d’un Angra ou d’un Ayreon que de ses compatriotes de Rhapsody Of Fire ou même de Lacuna Coil, bien qu’ils pratiquent eux aussi l’alternance vocale. Ils sont en effet non pas deux mais trois à se partager le micro dans Temperance. Outre une toute nouvelle cantatrice, Alessia Scolletti, plus que compétente dans les parties lyriques et haut perchées, Michele Guaitoli se charge du chant médium mélodique façon classic metal tandis que le très expérimenté Marco Pastorino assure dans un registre plus rude et guttural, même si l’on n’est tout de même très loin du black metal, tout en jouant l’intégralité des guitares dans une veine prog metal prononcée. Mais ce qui distinguera le plus Temperance de la majorité de ses concurrents, c’est sa capacité à passer allègrement des tempos speedés (The Art of Believing, We Are Free…) à une ballade toute en finesse (Empires and Men) tout en peaufinant des morceaux à la fois puissants, efficaces et mélodiques (The Last Hope in a World of Hopes, Everything That I Am, Daruma's Eyes (Pt. 1), avec une mention spéciale au très contagieux pop Way Back Home qui offre un large aperçu des possibilités de ce groupe à surveiller de près. © Jean-Pierre Sabouret/Qobuz