Night Nurse

Chronique

Initiateur, presque à l'insu de sa bonne foi, du style lovers rock, Gregory Isaacs est déjà un personnage à part à l'époque de l'enregistrement de Night Nurse. Le reggae roots enregistré pour Island en 1982 a en effet une légèreté, un ton bien différent des albums en vogue à l'époque.

Peu porté sur le rastafarisme - qui condamne l'usage des drogues, hormis celui de la ganja considérée comme sacrée - Gregory Isaacs est un séducteur, un bourreau des coeurs à la voix d'or. Il est en quelque sorte le pendant reggae de Marvin Gaye pour la soul, un Lonely Lover qui sera bientôt abandonné de tous.

Night Nurse acquiert immédiatement le statut d'album classique, en grande partie grâce au titre « Night Nurse », tube radio partout dans le monde. Sans l'habituelle escouade de pointures, seuls Wally Badarou et Flabba Holt entrent dans cette catégorie parmi les musiciens présents, Night Nurse vaut surtout pour la voix de Gregory Isaacs plus que pour la musique.

C'est un enchantement d'entendre cette tessiture vocale à la douceur unique, Night Nurse coule sur la platine comme un miel céleste, « Hot Stepper » ou « Operation Overruled » sont magistraux de détachement, chaque titre recèle une part de magie qui perdure bien au-delà des trente-trois minutes de l'enregistrement.

Night Nurse n'est pas un album de combat, il n'a pour prétention que de partager l'amour, il amène le skank a son expression la plus simple, un battement pour onduler des hanches à deux. Le Cool Ruler ne rééditera jamais pareille prestation, vendant sa voix pour quelques grammes de poudre blanche, Night Nurse n'en a que plus de prix.


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