Bad Witch

Chronique

Dernier volet d'une trilogie incluant les EP Not the Actual Events (2016) et Add Violence (2017), Bad Witch se présente sous la forme d'un mini-album de six titres, à mi-chemin entre deux formats. Assisté par le programmeur et manipulateur de claviers Atticus Ross, qui l'a accompagné sur les bandes originales de The Social Network (2010), The Girl with the Dragon Tattoo (2011), Gone Girl (2014), Before the Flood (2016) et The Vietnam War (2017), Trent Reznor se recentre sur ce qui constitue l'identité propre à Nine Inch Nails, soit un rock industriel perturbé, anxiogène et radical.

S'il durcit le ton par rapport aux deux EP précédents qui balayaient un large éventail de styles, Bad Witch s'aménage une échappatoire par la présence d'un saxophone en accompagnement des rythmes saccadés et des sonorités métalliques. C'est par un pur concentré de rage électrique faisant référence aux travers humains, « Shit Mirror », que s'ouvre le récit d'un univers laissé à sa propre perte. La voix en retrait, couverte par les instruments et déformée par la technique, Reznor enchaîne avec un autre titre direct et sans fioritures, « Ahead of Ourselfves », sur une boucle drum'n'bass obsédante.

Le premier des deux instrumentaux de la sélection, « Play the Goddamned Part », n'est pas sans évoquer le David Bowie au stade terminal de Blackstar (2016), auquel il rend hommage et dont le rock enflammé par les stridences d'un jazz oppressant a influencé celui qui fut son partenaire de scène aux débuts de NIN. Si le rythme baisse d'un cran, la tension est toujours palpable. L'accélération drum'n'bass revient sur « God Break Down the Door », unique extrait sorti en single situé dans la ligne fondatrice de Nine Inch Nails avec son chant menaçant et ses dérapages électroniques.

L'avant-dernier morceau et second instrumental « I'm Not from This World »  s'aventure dans un territoire électronique sombre et expérimental, creusant un bourdonnement parasité par des bruitages puis revenant en boucle hypnotique. Le titre le plus long qui conclut Bad Witch, « Over and Out », s'enfonce dans les basses et les effets synthétiques avant de se laisser dominer par le bruit métallique et industriel. Entre les deux séquences, Trent Reznor chante tel un crooner désabusé. Certains critiques ont comparé ce troisième volet à la musique composée pour le jeu vidéo Quake (1996). Tout du moins, Nine Inch Nails s'ouvre un nouvel horizon en fermant cette trilogie.

©Copyright Music Story 2018