Le Louvre consacre son automne à la musique française et organise un ensemble d'évènements autour d'une thématique intitulée "Classique en image : Musique Française de Rameau à Daho".

Le Louvre consacre une série d'évènements axée autour de la musique française. Ça tombe bien puisque l'année 2014 célèbre les 250 ans de la disparition de Jean-Philippe Rameau. Depuis le 3 janvier, date de l’ouverture de l’exposition à la Médiathèque musicale consacrée au compositeur, ce sont 532 évènements en France, à Malte, en Italie, en Pologne, aux Pays-Bas, au Canada, qui font honneur à l'oeuvre de Jean-Philippe Rameau, sous l'égide du Centre de Musique Baroque de Versailles (CMBV).

Parmi les grands rendez-vous de cette année, on se souvient de la représentation de Castor et Pollux à l’Opéra-Comique en mars dernier dont l’interprétation de l’Ensemble Pygmalion sous la baguette de Raphaël Pichon a honoré l’originalité et la personnalité de l’oeuvre. On se rappelle également de l'excellente parodie d’Hippolyte et Aricie au théâtre Montansier de Versailles, organisée dans le cadre d’une activité éducative par laquelle le CMBV a souhaité rendre ce spectacle accessible aux jeunes de collèges de Trappes et d’Evry.

L’année Rameau est également l’occasion de réflexions scientifiques autour de l’oeuvre du compositeur. En mars dernier, la fondation Royaumont organisait un colloque international autour de la thématique Rameau : entre art et science et au mois de mai, l’éminente musicologue Sylvie Bouissou faisait paraitre aux éditions Fayard une monographie sur le compositeur.

Cet automne, la musique de Rameau ouvrira la série d'évènements de l’Auditorium du Louvre "De Rameau à Daho", consacrée à la musique française.

Le titre choisi laisse à croire qu'il y a des similitudes entre de la composition française du dix-huitième siècle et celle de nos jours. Or, Hervé Niquet le développera dans sa conférence, l'influence de Rameau sur la musique hexagonale est à relativiser.

De fait, ne serait-ce pas faire un grand écart maladroit que de mettre le compositeur du dix-huitième siècle et le chanteur natif d'Oran dans un même sac griffé "musique française" ? Une fois la rime finale de leurs noms mise de côté, énumérer les points communs entre les deux artistes n'est pas chose aisée. Bien entendu, il est indéniable que l'oeuvre de Rameau a eu un impact sur celles de plusieurs compositeurs de l'Hexagone comme Berlioz et Debussy. Mais l'argument est-il suffisamment solide pour ériger le compositeur dijonnais en influence incontestée de nos maîtres musicaux ? Après tout, Saint-Saëns a composé sous l'influence de Beethoven, l'oeuvre de Ravel fut influencé par la culture espagnole... et les exemples de ce genre ne manquent pas.

Si l'on se penche sur la création musicale moderne, on peut aisément affirmer qu'elle n'est pas (du tout) marquée du sceau de Rameau. L'Auditorium n'y consacre d'ailleurs qu'une exploration de la musique en images (le 5 décembre) allant de Boby Lapointe à Serge Gainsbourg en passant par Barbara et Alain Bashung. Ce joli bouquet d'images d'artistes rassasiera-t-il les omnivores musicaux ? Il est possible que non car il y a des absents dans cette myriade de talents. Ce type d'évènements n'est certes pas propice à l'exhaustivité mais la génération Y restera sur sa faim. Quid de Christine and the Queens ? Fauve ? Quid de Stromae, de Feu! Chatterton ? Quid de Yohm ? Quid de la poésie enivrante de François and the atlas moutains et de la douce voix de Constance Amiot ? On dit souvent que l'intelligence est la capacité à créer des liens, alors, si on monte le son de Rameau à Daho, autant le monter jusqu'à The Dø, non ? Dommage, le label "Louvre" aurait été une très belle étiquette à coller aux pots de nos jeunes pousses Made in France. On peut dire que l'Auditorium a manqué une belle occasion d'intéresser un public plus neuf.

Mais inutile de rester sur des regrets génération Y. Car les dix-neuf concerts proposés par l'Auditorium auront la qualité de mettre en avant des compositeurs français boudés des programmes (à part peut-être de ceux du Palazzetto Bru Zane). Ainsi les oeuvres d'Alkan, Séverac et de Taffanel côtoieront celles de Fauré, de Debussy, de Frank et de Berlioz.

Côté programmation, les festivités débuteront dimanche 14 septembre avec une journée intitulée Regard sur la musique française, proposant un voyage inédit à travers deux siècles de l’histoire de l’opéra. En ouverture, l’Auditorium propose une réflexion autour de l’existence d’un style français sous le prisme de l’influence de Rameau. C’est Hervé Niquet qui développera sa conception de la spécificité d’un style musical français avec le musicologue Lionel Esparza. La même journée, l’Auditorium laisse carte blanche à Hervé Niquet, qui présentera une sélection d'archives filmées. Le chef d’orchestre reviendra sur les grands moments de sa carrière qui laisseront entrevoir ses jardins secrets comme la danse, le jazz et la chanson.

Rappelons que Hervé Niquet est un grand spécialiste de Rameau, et qu’il a donné en février dernier une sublime représentation de l’opéra Les Fêtes de l’Amour et de l’Hymen à l’Opéra Royal de Versailles avec son ensemble Le Concert Spirituel.

Informations Tél. : 01 40 20 55 55 / www.louvre.fr

Ecoutez les playlists de l'Année Rameau 2014 ici

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