Le 10 juillet 2009, Manchester accueillera la création mondiale de Prima Dona, l’opéra ovni signé Rufus Wainwright.

Le buzz a grossi, devenant réalité et désormais chacun attend les détails de cette curiosité : l’opéra écrit par le chanteur canadien Rufus Wainwright.

Le Met Opera de New York, commanditaire de la chose, ayant rejeté l’œuvre car chantée « en français », c’est finalement le Manchester International Festival (MIF) qui accueillera l’enfant lyrique du songwriter canadien. Une institution mancunienne qui n’en est guère à son premier coup d’éclat en matière de production osée puisque c’est elle qui, l’an passé, proposa Monkey : Journey To The West, spectacle du cerveau de Blur et de Gorillaz, Damon Albarn.

Dans un premier temps effrayé par l’ampleur du projet, Rufus Wainwright semble pourtant n’être habité que par lui, comme il l’a expliqué lors d’une interview accordée au quotidien britannique The Guardian : « Depuis que j’ai 14 ans, j’ai été converti à la religion sombre de l’opéra. J’irai même plus loin : l’opéra m’a sauvé la vie, me guidant à des moments clefs de mon existence ».

Durant des années, Wainwright a cherché le sujet d’un opéra à écrire. Quelque chose qui « ne soit pas une saga et n’implique pas des costumes délirants. Et puis l’idée m’est tombée dessus, comme ça, en regardant une interview de Maria Callas. L’opéra n’est pas sur elle, même s’il évoque une star de l’opéra. Il s’agit d’une journée dans la vie d’une chanteuse d’opéra. L’opéra est l’un des derniers bastions où vous pouvez trouver des émotions et du romantisme. Et les chanteurs d’opéra eux-mêmes sont pris dans cette sensibilité car ils habitent cet univers. »

Intitulé Prima Dona, Rufus Wainwright décrit son opéra comme une « histoire straussienne, dernière période, sur les subtiles changements du cœur d’une femme, sur les grandes conséquences de petites gestes… »

Concernant l’utilisation de la langue française, Wainwright qui est né à New York en juillet 1973 mais a grandi au Québec parle de décision naturelle. « Le français coule de source avec ce genre de musique. Les mots ont même souvent mené à des mélodies qui sonnent « très français »… Et puis écrire pour des instruments qui sont les voix m’a complètement retourné »

Pour Rufus Wainwright, le langage musical de Prima Dona n’est pas particulièrement moderniste mais plutôt romantique et mélodique. « Je veux captiver le public avec une belle musique. Je veux être pertinent et contestataire, même si ça ne sera ni « Wozzeck » ou « Ewartung »… »

Pour l’épauler dans sa démarche, le chanteur canadien travaille avec deux assistants, étudiants à Yale, mais a précisé qu’il signera seul l’orchestration de son opéra. Le MIF attend la totalité de la partition pour février 2009.

C'est le 10 juillet 2009, à Manchester, que Opera North interprètera Prima Dona. Daniel Kramer, responsable du récent Punch and Judy d'Harrison Birtwistle à l’English National Opera (ENO), signera la mise en scène. Côté casting, Janis Kelly tiendra le rôle principal aux côtés de Rebecca Bottone, William Joyner et Jonathan Summers.

« Mes goûts en matière d’opéra ?, ajoute Wainwright. Je suis un fan de la Traviata et j’adore le Ring. Je suis également un grand fan de Massenet. Je me nourris de tout ce qui est romantique. En fait, mon modèle c’est Verdi ! La carrière parfaite ! Chacun de ses opéras était meilleur que le précédent. Même ses premières œuvres combinaient profondeur musicale et simplicité. Verdi est mon héros ! »

Le site officiel de Rufus Wainwright

Le site officiel du MIF

Le site officiel d’Opera North