Avec le très personnel "Bells On sand", le Californien confirme qu'il est bien l'un des plus fascinants pianistes de jazz de sa génération...

Repéré dès la fin des années 2000 aux côtés de musiciens comme Roy Hargrove ou Terence Blanchard, Gerald Clayton a définitivement imposé sa signature pianistique toute d’élégance harmonique et de vivacité rythmique en engageant en 2013 un long partenariat avec le légendaire saxophoniste ténor Charles Lloyd. Après avoir en 2020 inauguré son arrivée en tant que leader sur Blue Note en faisant paraître un flamboyant live en quintet mettant en valeur toute l’étendue de son lyrisme et de son savoir-faire dans le cadre d’un jazz post-bop modal profondément ancré dans la tradition, il signe sur le prestigieux label un opus intitulé Bells on Sand et qui pourrait bien faire date dans sa jeune carrière tant il ouvre de nouvelles perspectives esthétiques à son univers.

Gerald Clayton on "First Look" with Don Was of Blue Note Records

Blue Note Records

Déclinant au fil des plages les combinaisons orchestrales offertes par un casting hétéroclite réunissant autour de son piano son père John Clayon à la contrebasse, l’étincelant batteur Justin Brown, la jeune chanteuse portugaise Maro et en invité exceptionnel, sur une plage en duo bouleversante d’intensité, Charles Lloyd au saxophone ténor, Clayton développe dans Bells On Sand une musique raffinée et résolument atmosphérique, toute en contrôle formel et retenue émotionnelle.

Piano Spheres presents Gerald Clayton, July 31, 2021 [FULL CONCERT]

Piano Spheres

Ouvrant l’album en trio dans un registre résolument chambriste mettant en valeur le jeu d’archet de son père sur des mélodies mélancoliques de Federico Mompou, Gerald Clayton déroule sans heurts les étapes d’un voyage ouaté composé avec beaucoup de délicatesse d’une mosaïque de piécettes aux humeurs nuancées allant de chansons aux couleurs pop portées par la voix suave et vaporeuse de Maro, à de délicats interludes flirtant avec l’easy-listening. Mais c’est peut-être seul au piano, en délivrant deux versions très différentes du même standard My Ideal, puis dans un registre proche du gospel en magnifiant les harmonies nuancées de There’s Music When You’re Going My Friends, que Gerald Clayton offre la clé de ce disque décidément très personnel en exposant, sans le moindre signe d’ostentation, toute l’étendue de ses qualités de conteur.

John & Gerald Clayton Perform "Tale of the Fingers"

SFJAZZ