Ezra Collective, jazz avec un s

Depuis sa fondation en 2012 dans le cadre du célèbre dispositif pédagogique Tomorrow’s Warriors (à qui l’on doit pour une grande part l’extraordinaire vitalité du jazz britannique contemporain), le groupe Ezra Collective n’a cessé de développer et affiner en innombrables jam sessions, sa musique résolument hybride parfaitement représentative du cosmopolitisme radical de la jeune scène londonienne.

Après un premier album programmatique récompensé d'un Qobuzissime, You Can’t Steal my Joy, dans lequel, accompagné d’artistes comme la chanteuse soul Jorja Smith, le rappeur Loyle Carner ou le groupe Kokoroko, le gang londonien posait les bases de son univers festif et multiculturel, Ezra Collective revient aujourd’hui avec un nouvel album tout aussi riche, dansant et baroque dans son art du métissage kaléidoscopique.

Toujours animée par les grooves sensualistes d’une section rythmique décidément centrale dans le dispositif (Femi Koleoso à la batterie, son frère TJ à la basse et Joe-Armon Jones aux claviers), la formation alterne ici plages instrumentales intégrant à une base hard bop des rythmes et sonorités empruntées à toutes les traditions venues fusionner dans le creuser londonien ces quarante dernières années (du dub à l’afro-beat en passant par le jazz afro-cubain, le hip hop ou la drum’n’bass) et morceaux plus proches de la chanson mettant en valeur quelques invités choisis avec soin parmi les talents protéiformes de la jeune scène britannique (Sampa the Great, Kojey Radical, Emeli Sandé, Nao).

Revisitant et bousculant amoureusement l’héritage du jazz US au prisme de leurs origines multiples et joyeusement fusionnelles, les cinq activistes d’Ezra Collective signent au final une musique incontestablement dans l’air du temps qui, si elle ne révolutionne rien en terme de langage, a le grand mérite de capter les énergies et les humeurs complexes de notre époque globalisée en une orgie sonique parfaitement réjouissante.

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