Marivaudages et quiproquos savoureux servis par un casting de premier plan à l’Opéra de Marseille : Roberto Rizzi Brignoli dirigera le chef d’œuvre de Rossini avec Annick Massis, Stéphanie d’Oustrac, Marie-Ange Todorovitch, Dania Axentii, Marc Laho, Jean-François Lapointe, Nicolas Courjal et Wilfried Tissot.

Du 20 au 27 mars, l’Opéra de Marseille accueille quatre représentations de l’avant-dernier opéra de Rossini, Le Comte Ory. Le librettiste Eugène Scribe relate dans un vaudeville réjouissant l’histoire de chevaliers séducteurs de nonnes dans un couvent français pendant la période des Croisades. Rossini y reprend des airs de l’opéra-cantate Le Voyage à Reims, écrit quelques années plus tôt, signant un chef d’œuvre pour lequel Hector Berlioz, critique assez peu flagorneur en général, ne manqua pas d’éloges : « Il y a là une collection de beautés diverses qui suffiraient à faire la fortune, non pas d’un seul, mais de deux ou trois opéras… Le trio « A la faveur d’une nuit obscure » est le chef d’œuvre absolu de Rossini ».

Un chef d’œuvre que Marseille retrouvait en 1965 sous les traits d’un monstre sacré, Michel Sénéchal, et qui promet beaucoup ce mois-ci. Roberti Rissi Brignoli (direction) viendra pour la première fois l’opéra de Marseille. Pianiste de formation, notamment en perfectionnement avec Aldo Ciccolini, il travaille pour la Scala de Milan en tant que responsable des services musicaux jusqu’en 2002. Sa rencontre avec Riccardo Muti est alors décisive. Il l’assiste lors de nombreux projets lyriques et symphoniques, avant de diriger plusieurs productions à Milan, avec notamment la Lucrezia Borgia qui le propulse sur le devant de la scène. Il a récemment fait ses débuts au Metropolitan de New York avec La Bohème, à Tokyo avec Otello et l’été dernier, il a rencontré un grand succès avec Rigoletto aux Chorégies d’Orange.

Frédéric Bélier-Garcia assurera la mise en scène. Après une formation de philosophie, il met en scène des pièces de Yasmina Reza notamment. Il est aussi co-auteur avec Emmanuel Bourdieu du Mental de l’équipe, qu’il a mis en scène avec Denis Podalydès au Théâtre du Rond-Point en 2007, année où il créé également le Le Comte Ory à l’Opéra de Nantes, qui sera suivi en 2010 par le Barbier de Séville. Les décors sont l’œuvre de Jacques Gabel, familier de Rossini depuis Le Barbier de Séville, où il avait déjà travaillé avec Frédéric Bélier-Garcia. Il sera escorté par Catherine Leterrier, en charge des costumes, qui passera ainsi du cinéma à la scène.

La distribution des rôles est tout aussi prometteuse. Marseille est heureux d’accueillir pour la deuxième fois Annick Massis (soprano), après Tancredi en 2001, dans le rôle de la Comtesse Adèle. Reconnue internationalement comme une des plus grandes sopranos françaises, elle apparaît dans les plus importantes maisons d’opéra en France et en Europe. Elle chante aux États-Unis à Washington, au Metropolitan et l’Avery Fisher Hall de New York, à Pittsburgh... et signe une des plus prestigieuses carrières italiennes pour une cantatrice française en apparaissant notamment à la Scala de Milan, à la Fenice de Venise, au Regio de Turin,... Interprète recherchée des grandes héroïnes mozartiennes, elle établit définitivement sa réputation de styliste belcantiste en chantant ou en exhumant les plus grands rôles coloratures de Donizetti, Bellini, Rossini.

Le rôle du page Isolier, imaginé par Rossini, et qui n’est pas sans évoquer le Chérubin de Mozart, revient à Stéphanie d’Oustrac (mezzo-soprano). Très remarquée dans Didon et Énée de Purcell (avec les Arts Florissants, mise en scène par Vincent Boussard), elle vient de participer à une série de concerts à la Philharmonie de Berlin avec les Arts Florissants, au Requiem de Mozart dirigé par M. W. Chung au festival de St-Denis, et aux Nuits d'été avec l'Orchestre national de Lyon.

Marie-Ange Todorovitch (mezzo-soprano), dans le rôle de Ragonde, retrouvera Marseille après de nombreuses apparitions, dont La Chartreuse de Parme très récemment. Elle sera accompagnée de Diana Axentti (mezzo-soprano) dans le rôle d’Alice.

Dans le casting masculin, Marco Laho (ténor) incarnera le Comte Ory, avant de rejoindre au mois de juin le festival de Saint-Denis dans le Requiem de Berlioz, sous la direction de Sir Colin Davis. Jean-François Lapointe (baryton) l’escortera dans le rôle de Rimbaud, et Nicolas Courjal dans le rôle du gouverneur.

Le site de l'Opéra de Marseille

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