Les convertisseurs numériques analogiques au format clé USB restent de loin inférieurs en nombre par rapport à leurs homologues optant pour des boîtiers aux dimensions plus conformes à celles que l'on se fait habituellement d'un élément Hi-Fi. Néanmoins, les dimensions réduites de ces micro DAC ne les empêchent pas de fonctionner, et même bien en n'embarquant souvent que le strict nécessaire, parfois un peu plus, comme ce nouveau modèle Audioengine D3.

Audioengine est une marque américaine qui, jusqu?à une date récente, avait consacré son existence à la réalisation d?enceintes de monitoring amplifiées destinées aux studios professionnels.

En 2002, après trente-six années ouvrées dans ce domaine et aussi dans celui de l?électronique de grande diffusion pour des marques comme Harman Kardon, Gibson Guitar, Alesis Studio Electronics, Escient, et Apple Computer, l?équipe fondatrice décide de lancer sa propre compagnie audio. Le challenge était de concevoir et de réaliser ses propres enceintes de haute qualité et de prix abordable pour le marché de l?audio pro.

Fort de son expérience dans le domaine Pro et suite à l'écoute en 2005 de musique dématérialisée via un MacBook et une borne AirPort Express, Audioengine met au point l?enceinte amplifiée A5 destinée à être raccordée à des appareils mobiles pour restituer la musique qui y est stockée et recharger ceux-ci grâce à un connecteur USB A. Cette enceinte A5 a évolué pour devenir la A5+ dont, entre autres, la capacité en courant de l?USB A a été portée à 500mA.

Mais Audioengine ne s?est pas cantonné aux seules enceintes acoustiques actives, puisqu?il existe également des modèles passifs, un subwoofer, un amplificateur, des accessoires, et plusieurs DAC, dont le récent modèle D3, objet de ce banc d?essai, et un ensemble à liaison sans fil, le D2, transmettant les fichiers en Haute Définition 24 bits à 96 kHz, ensemble qui avait fait l?objet d?un banc d?essai dans nos colonnes.

Voyons maintenant ce que nous réserve ce DAC D3 en forme de clef USB muni d?une sortie casque et lisant l?audio Haute Définition 24-bits à 96 kHz, et qui, non seulement ne vous encombrera pas lors de vos déplacements mais voyagera confortablement dans son petit étui en feutrine.

L?électronique

Avec l?utilisation d?un si petit circuit, il est un peu normal que l?on trouve des composants sur les deux faces, et même quatre puisqu?un circuit additionnel est monté via deux connecteurs multipoints sur le côté face du circuit.

De ce côté du circuit prennent place, le connecteur USB, le relais de commutation des signaux, la prise casque et les deux LED témoins. Le petit circuit additionnel sert à fabriquer des tensions symétriques de +2,5V et ? 2,5V qui vont servir à alimenter l?amplificateur pour casque.

Cela évite l?utilisation de condensateurs de liaison sur la sortie casque, qui, dans ce cas seraient des modèles électrochimiques. Non seulement ce type de condensateur n?est pas recommandé pour les liaisons en audio, mais de plus il forme un filtre coupe-bas avec le casque, filtre qui peut affecter plus ou moins la bande passante dans le grave suivant la valeur de ce condensateur et l?impédance du casque.

On a donc tout intérêt à alimenter l?amplificateur casque en tensions symétriques pour ne pas avoir à utiliser de condensateurs en liaison avec le casque.

L?autre face reçoit le circuit d?interface USB, un modèle Texas Instruments TAS1020B fonctionnant en mode asynchrone mais limité à l?USB Audio Class 1.0, donc ne prenant pas en charge les fichiers au-delà de 24 bits à 96 kHz et ne nécessitant pas l?installation de drivers (sur PC comme sur Mac).

A ses côtés se trouve le convertisseur numérique analogique d?origine Asahi Kasei portant la référence AKM4396 et pouvant fonctionner jusqu?à 192 kHz sur 24 bits.

Ce circuit intégrant un étage de filtrage des signaux analogiques de type « à capacité commutée » (SFC ou Switched Capacitor Filter en anglais), on ne trouve pas de filtre à amplificateur opérationnel en sortie de ce circuit mais directement l?amplificateur pour casque.

Celui-ci est un LME49726 de Texas Instruments, un modèle à faible bruit et faible distorsion protégé contre les courts circuits, et pouvant délivrer un courant d?un peu plus de 300mA sous une alimentation globale de 5V (soit près de 3W maximum à dissiper, il faut donc refroidir ce circuit présenté dans un petit boîtier CMS).

Les faces internes des deux demi-coques du boîtier sont donc munies d?empreintes dans lesquelles prennent place les divers circuits intégrés pour que leur face supérieure soit en contact avec l?aluminium du boîtier et ainsi être refroidis par celui-ci (il est d?ailleurs assez chaud à l?usage).

Ecoute

Comme nous vous le disions précédemment, le DAC Audioengine D3 ne nécessite pas d?installation de drivers et il suffit de le brancher sur un port USB pour que ça marche, mais en limitant les capacités de lecture aux fichiers 24 bits à 96 kHz.

Mais, quoi qu?il en soit, ce n?est pas cette restriction de lecture qui affecte les qualités sonores du D3 et cette petite clef USB musicale s?avère très agréable à écouter.

Nous avons testé le D3 exclusivement en écoute au casque avec le très bon Beyerdynamic Custom One Pro, ce qui est la vocation première de ce genre de minuscule DAC, mais que l?on pourra éventuellement écouter sur sa chaîne en utilisant un cordon Jack 3,5 mm mâle stéréo?Cinch stéréo. Ce DAC ne disposant pas de réglage de volume, on réglera celui-ci depuis le réglage de volume du lecteur logiciel ou celui de l'ordinateur.

Ainsi, à l?écoute du Gloria de Vivaldi par Rinaldo Alessandrini dirigeant le Concerto Italiano (dans sa version Studio Masters 24 bits à 44,1 kHz), le D3 ne rechigne pas à lâcher les décibels, et bien que ce Gloria soit une ?uvre brillante de par son instrumentation et l?utilisation fréquente des voix féminines, la restitution se garde d?en faire trop dans l?aigu et offre un plaisir musical de très bon niveau où l?on apprécie l?équilibre tonal, les beaux timbres et une dynamique sans faille avec des cuivres qui ne saturent pas lorsqu'ils jouent leur tonitruant thème «glorieux».

Le très beau et méconnu premier Concerto pour violoncelle de Dvorak, par Alexander Rudin dirigeant l?ensemble Musica Viva (version Studio Masters 24 bits à 96 kHz) est restitué avec densité et une douceur légèrement plus accentuée qu?à l?accoutumée sur les sonorités typiques de Musica Viva et le D3 offre une reproduction particulièrement chantante et agréable.

La restitution de l?inoxydable tube Hotel Califormia du groupe Eagles que nous écoutons depuis quelque temps pour nos évaluations est également fort bonne, bien piquée mais sans excès, avec des voix bien précises et présentes et une très bonne tenue des graves, et là encore le suivi dynamique se montre très bon.

Grâce à sa relative douceur, le D3 offre une reproduction plus vraie que nature de l?album Love Letters de Metronomy conçu en analogique, et dès les premières secondes d?écoute on a vraiment la sensation d?écouter un vinyle, avec parfois le bruit de fond de la bande master et, au début de I?m Aquarius, on entend un résidu de «ronflette» à 100 Hz (!), et cette sensation ne se dément plus tout au long de l?album.

Pour conclure, nous regretterons un peu que ce petit DAC Audioengine D3 ne sache pas lire les formats au-delà de 24 bits à 96 kHz car il délivre des résultats sonores fort bons offrant une certaine délicatesse et sa sortie casque ne rechigne pas à envoyer "la puissance". Il n'en reste pas moins un très bon choix si le 24/96 suffit à vos besoins, et son prix comme son solide et élégant boîtier en aluminium ne sont pas à négliger vis-à-vis de certains produits concurrents adoptant le même principe de DAC au format clef USB.

Prix : environ 190 euros

Spécifications

D3 sur site Audioengine

Site Audioengine

Site Sound & Colors (importateur)

Contact

Si vous êtes constructeur, importateur, distributeur ou acteur dans le domaine de la reproduction sonore et que vous souhaitez nous contacter, faites-le uniquement à l'adresse suivante : newstech@qobuz.com