Au cours des 40 dernières années, le rock progressif a connu le sommet des charts, le sérieux des pupitres ou les honneurs de l’appellation art rock, élargissant son lexique à travers des influences insaisissables, toujours en reconfiguration. Si, aujourd’hui, le genre n’est plus revendiqué avec la même ferveur qu’hier, on peut toujours observer son empreinte chez des artistes allant de Tool à Kanye West. Qobuz vous présente dix albums majeurs du prog rock, dont le rayonnement n’est pas près de faiblir.

Pink Floyd - The Dark Side of the Moon (Harvest Records, 1973)

The Dark Side of the Moon est probablement l’album prog rock le plus facilement identifiable et sans aucun doute le plus vendeur. Le chef-d’œuvre des Pink Floyd sorti en 1973 navigue entre guitares slide blues psychédéliques, synthétiseurs acidulés et envolées lyriques teintées de soul. Il témoigne de la polyvalence et de l’écriture impeccable du groupe sur tous les terrains. Bien que Money, le single phare, soit l’un des rares titres pop exécuté en rythme 7/4, la ligne de basse funk qu’il nous offre atteint la perfection ; elle aura tout de même à partager l’affiche avec le tout aussi légendaire solo de saxophone.

Rush - Moving Pictures (Anthem Records, 1981)

En parlant de tubes pop à la signature rythmique étrange, on peut évoquer Tom Sawyer qui, au-delà d’être un tour de force artistique de la part de Rush, fut un immense succès commercial qui propulsa les Canadiens du statut de groupe confidentiel à celui de mastodonte des charts rock. En plus d’inclure le succès Limelight, cet album culte nous livre aussi YYZ, la réponse du groupe, et plus particulièrement du batteur Neil Peart, au remarquable Moby Dick de Led Zeppelin.

King Crimson - In the Court of the Crimson King (Island, 1969)

Bien que plutôt connu pour son morceau-titre (samplé par Kanye West sur son hit Power), l’influence musicale de King Crimson dépasse largement la sphère hip-hop. Avec sa pochette iconique signée Barry Godber, In the Court est le parfait exemple d’un album à la fois ambitieux et bien exécuté. On y retrouve des instruments à vent, des cuivres, du piano, de l’orgue, un Mellotron, des éléments de percussion originaux et de multiples collages sonores. King Crimson parvient à obtenir un son inhabituellement large et riche via la superposition de nombreuses couches d’instruments tout en étant limité par une console huit pistes. Considéré par certains comme l’acte fondateur du rock progressif, In the Court of the Crimson King est un classique indémodable.

Yes - Close to the Edge (Atlantic, 1972)

Le rock progressif n’existerait sans doute pas aujourd’hui sans le concours du phénomène britannique Yes. Close to the Edge est non seulement leur œuvre la plus célèbre mais aussi la plus aboutie et la plus impressionnante. L’équipe d’alors – aujourd’hui considérée comme classique –, composée de Jon Anderson, Bill Bruford (qui rejoindra King Crimson après l’album), Rick Wakeman (qui jouera par la suite avec tous les grands noms, de Black Sabbath à Bowie), Steve Howe et Chris Squire, fait preuve d’une virtuosité instrumentale doublée d’un penchant pour l’expérimentation sans équivalent. Des sonorités ambient, classique et jazz s’entremêlent sur des bandes dont les boucles sont truffées d’apparitions électroniques et synthétiques. Close to the Edge est une œuvre audacieuse pour ses contemporains, déterminante pour les générations à venir.

Genesis - Selling England by the Pound (Charisma Records, 1973)

Si l’on ne se réfère qu’à leurs succès des années 1980, il est effectivement facile d’oublier que Peter Gabriel, Phil Collins et le Genesis responsable du monument pop Invisible Touch ne sont pas que des machines à tubes. Il fut un temps où ils étaient en première ligne sous la bannière du rock progressif avec Selling England by the Pound et son successeur The Lamb Lies Down on Broadway, deux albums cultes des années 1970 et emblématiques de la contribution du groupe au genre. Selling England, le plus impressionnant des deux, est un exemple d’équilibre. Si la part belle est faite à l’expérimentation, jamais ne s’y perdent les idées et l’identité du groupe.

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