Avec son amplificateur AS-400, le constructeur français Micromega fait coexister dans un même appareil deux technologies très en vogue depuis quelques temps dans le monde de la Hi-Fi, à savoir l’amplification dite «numérique» et la transmission des fichiers audio par liaison radio. En l’occurrence, il s’agit ici d’une liaison baptisée «AirStream» et qui est basée sur l’utilisation d’une borne Airport Express d’Apple modifiée par Micromega.

Après le test de l’Aria Airdream de Micromega, nous vous proposons de découvrir chez ce même constructeur l’amplificateur de puissance numérique AS-400, le premier modèle de la marque à bénéficier de la technologie AirStream, qui utilise le protocole AirPlay d’Apple pour transmettre des fichiers audio numériques. Les excellentes prestations musicales de cet appareil ont quelque peu remis en cause les doutes que nous pouvions encore avoir quant aux possibilités de l'amplification numérique à égaler son homologue analogique.

La présentation de l’AS-400 est sobre et fonctionnelle

Sobre et fonctionnelle et proposée en deux finitions microbillées argent ou noir (anthracite), la présentation de l’AS-400 est d’aspect agréable. La face avant, la face arrière ainsi que le capot sont réalisés en aluminium, à la manière de nombreux produits prestigieux. Cette discrétion de bon goût permettra une intégration dans les intérieurs les plus variés.

Un gros bouton de volume monté sur une plaque chromée sépare la façade en deux. A sa gauche, deux prises au standard Jack 3,5 mm, l’une pour brancher un casque, l’autre notée iPod mais qui pourra être utilisée avec tout autre baladeur disposant d’une sortie audio analogique adaptée.

A droite du volume, les touches de sélection de la source (< et >), de monitoring (contrôle de signal enregistré sur un magnétophone de type à 3 têtes), une touche de mute (silencieux), la sélection d’écoute au casque et la mise en veille.

Certaines de ces touches sont à double fonction suivant le temps de maintien, par exemple la touche «Monitor» qui permet l'insertion d'un processeur multicanaux ou encore la touche «Mute» qui permet de régler la balance.

La télécommande, qui comprend un nombre de touches inhabituellement élevé pour un amplificateur Hi-Fi, donne accès à une foultitude de fonctions dont Micromega ne dit mot dans le mode d'emploi de l'AS-400, aussi ne pouvons-nous qu'être très bref sur celle-ci et vous laisser l'admirer !

Une connectique «analogique» assez riche et ouverte

La connectique de l’AS-400, assez riche, propose trois entrées nommées AN1, AN2 et AN3 (comme analogique) qui peuvent être renommées depuis les touches de la façade.

On y trouve également une sortie dite Pré-Out qui permet de brancher un amplificateur de puissance extérieur, et deux sorties pour caisson de grave. L’une d’elle est prévue pour un fonctionnement en 2.1, deux enceintes et un caisson de grave, le volume de ce dernier étant commandé par celui de l’amplificateur. L’autre sortie entre en fonction lorsque le jeu d’entrées-sortie Pro-In / Pro-Out est actif avec un processeur multicanaux et son réglage est alors géré par celui-ci.

Une entrée Phono avec sa borne de mise à la masse est également présente, ainsi qu’une entrée RS232 / iDok pour le contrôle de l’AS-400 via une liaison RS-232 (notice spécifique RS232-AMP) ou pour le branchement d’une base iDok Micromega pour iPod ou iPhone qui assurera aussi la recharge de celui-ci, et un connecteur de type RJ45 noté «Service», pemettant la mise à jour de la borne Airport dont l'antenne se trouve à sa gauche.

Deux paires de superbes borniers dorées à vis permettront de raccorder des câbles pour enceintes de forte section, ce qui sera nécessaire au vu de la puissance disponible.

L’aspect technique de l’AS-400

L'amplificateur AS-400 est équipé de modules d’amplification numérique (dite classe D) d’origine Hypex utilisés à la manière micromega délivrant 400W par canal sur des enceintes d’impédance de 4 ohms (excusez du peu !), et sur des enceintes données pour une impédance de 8 ohms, la puissance sera théoriquement seulement ! de 200W par canal.

L’alimentation utilise un énorme transformateur toroïdal de 1000 VA (le VA, ou Volt Ampère est une unité correspondant dans certaines conditions au Watt et que l’on emploie pour donner la puissance d’un transformateur).

Les condensateurs de filtrage, qui servent à lisser le courant et aussi de réservoir d’énergie pour les amplificateurs de puissance sont copieusement dimensionnés (4 x 10.000 μF / 63 V).

La partie conversion et préamplification utilise son propre transformateur de type R-Core ainsi qu’une alimentation de type régulée fournissant des tensions stables exemptes de bruit de fond.

La borne Airport Express qui sert pour la liaison AirStream bénéficie d’une horloge de haute précision spécifiquement conçu sur cahier des charges Micromega par le meilleur fabricant d’oscillateurs à faible jitter (gigue ou phénomène de fluctuation d’un signal) afin de garantir l’intégrité des données numériques entrant dans le convertisseur numérique analogique.

Le fonctionnement correct de la liaison AirStream est rappelé dans le bas de l’afficheur par un petit logo rétro éclairé restant allumé fixe.

La Master Clock (horloge générale de la partie numérique) a sa propre alimentation, de même que la borne Airport.

Le convertisseur analogique numérique est un modèle Cirrus Logic CS4351 sortant un signal suffisamment fort pour se passer d’étages de gain en tension d’utilisation délicate dans ce genre d’application. Les liaisons avec les étages tampon à transistors J-Fet (type de transistor plus connus sous le nom de transistor à effet de champ) sont assurées par des condensateurs à film polypropylène.

1 - amplificateurs numériques Hypex "à la manière Micromega"

2 - Transformateur toroïdal de 1000 VA

3 - Condensateurs 10.000 μF / 63 V

4 - Transformateur R-Core

5 - Alimentation préamplificateur

6 - Borne Airport Express

7 - Circuit conversion numérique analogique et préamplification sélection de sources

8 - Condensateurs à film polypropylène

A l’écoute de l’AS-400

Nous avons effectué nos tests d’écoute de l’amplificateur AS-400 dans l’un des auditoriums que le magasin Présence Audio Conseil à Paris avait aimablement mis à notre disposition et que nous tenons à remercier, ainsi que Gilles, pour son concours.

Comme nous l’avons vu dans la partie technique, l’amplification numérique est une technique particulière dont la domestication n’a pas toujours eu des résultats sonores heureux, et l’auteur de ces lignes a quelques souvenirs pas toujours bons sur ce point. Le temps, et les hommes, faisant parfois bien les choses, ce fut une heureuse surprise, et ce dès les premières minutes d’écoute, de constater que l’amplificateur AS-400 était né sous une bonne étoile.

Pour l’occasion, Gilles avait raccordé l’AS-400 à des enceintes Thiel CS 2.4, un modèle de grande qualité réputé auprès des audiophiles et amateurs de musique exigeants.

L’AS-400 a été écouté exclusivement en liaison AirStream avec un ordinateur de type PC équipé du logiciel iTunes, ce qui est un peu restrictif, mais fait l'originalité et le modernisme de cet appareil et ne change pas la restitution sonore de la partie amplificateurs de puissance.

Nous avons varié les plaisirs d’écoute mais avons néanmoins commencé avec quelques uns de nos morceaux fétiches pour le test comme les Variations sur un thème de Purcell de Benjamin Britten et la Fantasia on British Sea Songs de Sir Henry Wood.

Par sa richesse en timbres naturels et en dynamique, ce type de musique orchestrale nous permet de nous faire assez rapidement une idée de l’équilibre tonal et de la vivacité d’un amplificateur.

Et là, le Micromega AS-400 est plutôt du genre très respectueux sur ces paramètres, avec un équilibre tonal qui nous a paru fort bon, c’est-à-dire que la plupart des genres musicaux, et plus encore les musiques usant d’instruments acoustiques, seront reproduits avec fidélité. Le registre aigu, en particulier, fait preuve de finesse et d’un beau piqué, et le tintement de triangle se détache clairement de la masse orchestrale en se positionnant parfaitement en hauteur dans l’espace.

Par ailleurs, le final de la Fantasia on British Sea Songs, comme celui des Variations sur un thème de Purcell, où l’orchestre sonne fortissimo de tous ses pupitres nous ont laissé pantois par l’aisance dynamique de l’AS-400 qui délivre avec une très grande vivacité et avec une grande propreté toute la puissance réclamée par le message musical.

Quelques écoutes de musique plus contemporaines comme des extraits de l’album Size des Bee Gees ou encore le magnifique Nothing Compares To You de Sinead O Connor nous ont permis d’apprécier la délicatesse du registre médium sur les voix si particulières de Bee Gees et aussi la très bonne tenue des haut-parleurs de grave par l’AS-400 lors des impacts puissants de la grosse caisse de la batterie.

L’amplificateur Micromega AS-400 démontre avec maestria que l’amplification numérique, quand elle est bien pensée et réalisée, est en mesure de procurer des résultats sonores comparables à ceux de l’amplification analogique. Et avec un punch et une vivacité véritablement bluffants ! Le tout sans fil depuis son ordinateur grâce à la technologie AirStream.