La société Devialet a été fondée en 2007 par Pierre-Emmanuel Calmel, ingénieur et saxophoniste, créateur de la technologie ADH, coeur de l'amplificateur D-Premier qui s'est hissé dès sa naissance parmi les meilleures réalisations mondiales dans ce domaine.
Tous les membres de l’équipe Devialet sont des passionnés de technique et de musique.
Nous avons rendu visite à Devialet au 126 rue Réaumur à Paris où sont installés ses quartiers et son showroom. Nous y avons été reçus par Quentin Sannié, pour découvrir de plus près, avec nos yeux, nos mains et nos oreilles, l'amplificateur D-Premier, cet enfant terrible nouveau venu par la grande porte dans le monde de la Haute Fidélité de très haut de gamme.
Notons que Devialet, société française, a fait le choix d'utiliser l'anglais, langue internationale, sur son site Internet, ce qui trouve sa justification d'un point de vue commercial à l'exportation mais limite la compréhension aux personnes anglophones. Ce serait quand même bien que Devialet propose aussi le choix de notre belle langue.
Un amplificateur «slim line» à l’esthétique sobre et raffinée
D’une esthétique sobre et raffinée, le D-Premier possède une ligne très fine (44,5 mm). Son châssis est en aluminium massif usiné et poli présentant un superbe effet miroir. Il est également disponible en finition noire.
Le D-Premier peut être posé à plat ou suspendu à un mur (un gabarit de perçage est fourni). Les diverses prises sont placées en retrait de la face arrière afin de masquer les cordons de liaison et sont protégées par un capot amovible s’intégrant discrètement au boîtier.
Hormis la mise sous tension, cet amplificateur ne comporte aucune commande en façade et se pilote via sa télécommande radio. Il réagit instantanément aux ordres de cette dernière, le volume, en particulier, varie sans le moindre retard, et son utilisation est totalement semblable à celle d'un classique potentiomètre placé en façade d'un appareil. C'est incomparablement plus agréable que l'utilisation lente des touches plus et moins d'un modèle à infrarouge.
Mentionnons également que la fonction de deux de ces touches peut être changée par l’utilisateur.
C'est aussi un superbe objet, réalisé, comme l'amplificateur, dans un bloc d'aluminium massif poli.
Cette télécommande possède également quatre petites touches : mise en marche, sélection de la source, activation de la sortie pour caisson de grave et inversion de la phase du signal.
Cette dernière possibilité sert à retrouver l’impact du grave au cas où cette phase n’aurait pas été préservée lors de l’enregistrement, mais aussi pour faire plaisir aux audiophiles qui aiment bien savoir si leur système est en phase absolue, c'est-à-dire qu'une augmentation de la pression sonore lors de la prise de son se traduit bien par un déplacement vers l'avant de la membrane des hauts-parleurs, générant eux aussi une augmentation de la pression sonore.
Les diverses informations relatives aux réglages sont fournies par un petit afficheur rond rétro-éclairé placé sur le dessus du D-Premier.
Sous cet afficheur se trouve l’antenne de réception des signaux radio de la télécommande.
Cet amplificateur dispose également d’un récepteur infrarouge le rendant compatible avec toutes les télécommandes universelles.
Un paramétrage évolué et une connectique très rusée
L’amplificateur D-Premier possède une connectique sobre en apparence. Celle-ci est en réalité suffisamment complète et très rusée, puisque la plupart des entrées peuvent être paramétrées depuis l’application «configurator» du site Devialet.
Une entrée HDMI V1.3 permet la lecture des formats audio en Haute Définition des Blu Ray Disc ou des SACD, tandis que tous les signaux raccordés en analogique sont numérisées d’office, ceci afin de maitriser parfaitement leur traitement en interne.
Notons la présence de deux entrées phonos qui sont paramétrables avec une grande finesse pour respecter à 0,1 dB près la correction RIAA, et ceci par traitement numérique (les caractéristiques de plusieurs milliers de cellules phono sont disponibles sur le site Devialet et si votre cellule n’y figure pas, il est possible d’entrer ses caractéristiques manuellement).
On peut également, si on est l’heureux possesseur de deux amplificateurs D-Premier, paramétrer ceux-ci pour les transformer en deux blocs mono de 400W, ou encore les configurer et les chaîner pour faire de la bi-amplification ou du multi-room (diffusion de musique dans plusieurs pièces à partir d’une installation Hifi unique).
Pour effectuer une simulation de configuration sur le site Devialet, cliquer ici. Sur le schéma qui s'affiche, cliquer sur l'onglet «amplifier configuration», situé en bas à droite, puis, dans la fenêtre qui s'ouvre, cocher la case «multi-room», et enfin «OK». On obtient le même résultat que ci-dessous.
On peut également programmer la puissance maximale pour l’adapter à celle de ses enceintes (elle est fixée par défaut à 200W par canal), et on peut spécifier l’impédance minimale de celles-ci (de 2Ω à 6Ω par pas de 0,1 Ω).
Une fois terminé, le paramétrage est transféré sur une carte SD depuis le «configurator» en cliquant sur l’image de la carte SD marquée «write config». Ensuite on insère celle-ci dans le port SD du D-Premier qui se reconfigure alors automatiquement.
Notons enfin qu’une carte interne permet une liaison par Wi-Fi avec un ordinateur pour écouter, soit des fichiers musicaux téléchargés (légalement bien entendu), soit de la musique en streaming, avec une résolution allant jusqu’à 24 bit à 192 kHz, c’est-à-dire que les fichiers musicaux du type Studio Masters en Haute Définition seront reproduits.
Bref, des possibilités très étendues avec un paramétrage très convivial via le site Devialet, le tout avec un panneau de connexions dont l’apparente sobriété masque des possibilités de configuration peu communes ouvrant de larges horizons à cet amplificateur Hifi.
Technique de l’amplificateur D-Premier
Bien qu’il se garde de l’afficher visuellement, l’amplificateur D-Premier est un concentré de haute technologie, en grande partie numérique, et surtout, il met en oeuvre la technologie d'amplification exclusive Devialet ADH (Analog Digital Hybrid).
Nous résumerons cette technologie véritablement innovante en disant que chaque canal utilise un étage de sortie en Classe A (excellente linéarité, donc très faible distorsion) travaillant en générateur de tension, pour procurer une restitution sonore extrêmement fidèle, ceci en multipliant virtuellement l’impédance des enceintes par 100, soit l’impédance d’un casque de type pro (600 Ω), tandis que quatre amplificateurs Classe D contrôlés par cet amplificateur Classe A sont chargés de fournir le courant.
Signalons qu'une récente évolution logicielle permet désormais à l’alimentation du D-Premier de délivrer des crêtes de puissance de plus de 2100 watts (contre 800 auparavant) ! Les enceintes les plus gourmandes en courant (ou présentant un module d’impédance très faible, ce qui revient au même) n’auront qu’à bien se tenir !
Notons à cet égard que tout possesseur d'un D-Premier bénéficie à vie de toutes les évolutions logicielles et que la récente adjonction d'une carte Wi-Fi est également proposée par Devialet à titre gracieux aux propriétaires des premiers exemplaires qui en étaient dépourvus.
Cette alimentation est du type à découpage, avec correction du facteur de puissance (PFC), et offre un excellent rendement tout en ayant un niveau de bruit très faible, ce qui est primordial lors des passages calmes d'une oeuvre musicale, ou lorsqu'on écoute à faible volume.
Le traitement interne du signal fait appel à un puissant processeur numérique de signal SHARC travaillant sur 32 bit avec virgule flottante, tandis que la pièce maîtresse qui va transformer les données numériques en musique, à savoir le convertisseur numérique-analogique (DAC ou Digital Analog Converter en anglais) est le modèle haut de gamme PCM1792 du réputé fabricant Burr-Brown (Texas Instruments), travaillant jusqu’à 24 bit à 192 kHz.
Le service Recherche et Développement de Devialet a poussé les performances de ce convertisseur plus loin encore que celles annoncées par son fabricant en l’utilisant de manière exclusive au niveau de la conversion courant-tension.
Ce convertisseur délivre directement un signal de forte amplitude au cœur même de l’amplificateur Classe A qui se passe dès lors d’étage de gain en tension, avec tous les avantages que cela procure, dont le trajet le plus court pour le signal, tant du point de vue électronique, du fait d’un faible nombre de composants à traverser, que de la distance physique, puisque plus celle-ci est courte, plus la pureté du signal est préservée.
Bilan d’écoute du D-Premier
Lors de notre visite chez Devialet, notre interlocuteur avait tenu à souligner que l’amplificateur D-Premier n’avait pas de sonorité propre, ce qu’une grande marque anglaise de Haute Fidélité célèbre en son temps résumait par l’expression un fil avec du gain. Cela signifie que l’amplificateur doit amplifier le message musical délivré par la source sans lui ajouter ni lui retrancher quoi que ce soit (en supposant que l'enregistrement soit une copie conforme de la réalité sonore), ce qui, à notre avis, est la définition même de la véritable Haute Fidélité.
Le pari est tenu haut la main, et à l’écoute des Variations sur un thème de Purcell de Benjamin Britten, une œuvre didactique de présentation de l’orchestre, particulièrement bien adaptée au test de matériel Hifi par sa richesse de timbres et son usage de la large plage dynamique d’un orchestre symphonique, l’amplificateur D-Premier nous a gratifié d’une restitution sonore de très haute volée (et ce en pilotant une paire d’excellentes enceintes compactes Atohm GT1). Il est dès lors apparu que cette restitution sonore se révélait extrêmement fidèle au niveau des timbres, avec une très grande finesse, de la subtilité et beaucoup de détails et d’aération dans le registre médium-aigu.
D’autre part, l’amplificateur D-Premier restitue un registre grave ferme, puissant (un des points fort de la classe D) et bien défini, tandis que la dynamique est excellente. La sensation d’espace sonore est également très probante, avec beaucoup d’ampleur, en particulier dans les très basses fréquences (celles qui soutiennent une restitution musicale et lui donnent du corps), ce que n’aurait pas laissé supposer l’association avec des enceintes compactes Atohm GT1, ni l’important volume du salon où ont lieu les écoutes. Avec des enceintes plus cossues le résultat sonore ne peut qu’être magnifié.
Le D-Premier est bel et bien un objet de rêve, au prix élevé, certes, mais pas déraisonnable en regard de la technologie mise en oeuvre, de sa souplesse d'utilisation, de l'intelligence de ses possibilités grâce au «configurator», et de ses qualités sonores.
Sous tous ses aspects, le D-Premier est un exceptionnel et magnifique amplificateur qui fait oublier le son pour faire entendre la musique.
