Elle a tourné pour Eric Rohmer, Claude Lelouch, Jacques Rivette, Jacques Demy… A 85 ans, la comédienne Françoise Fabian se lance dans une nouvelle aventure : la chanson. A l’occasion de la sortie de son premier album, rencontre avec une passionnée de musique.

Comment s’est passée la rencontre avec Alex Beaupain, le maître d’œuvre de votre premier album ?

C’est lui qui, au départ, m’a contacté via mon agent Dominique Besnehard, après m’avoir entendue chanter à la télévision. A cette époque, il travaillait sur l’illustration musicale d’un roman d’Isabelle Monnin (Les gens dans l’enveloppe, ndlr), pour lequel il m’a demandé de chanter deux morceaux. Tout a démarré comme ça.

Alex Beaupain en quelques mots ?

C’est un grand artiste et un homme exquis. Il est très bien élevé, il est ponctuel, il a du tempérament. Et avant notre rencontre, j’avais pu apprécier son travail dans les films de Christophe Honoré. Et je l’avais vu en concert à la Cigale.

Comment a germé l’idée d’un album ?

Cette courte expérience nous ayant plu, on s’est dit très naturellement que nous pourrions l’approfondir sous une forme plus consistante. Alex m’a apporté des chansons d’artistes issus de la jeune scène musicale comme Vincent Delerm, Nicolas Ker ou La Grande Sophie. Pour ma part, j’ai apporté une chanson de Charles Aznavour et une autre de Jean-Claude Carrière.

Comment avez-vous convaincu Jean-Claude Carrière ?

Je suis très lié à Jean-Claude, non seulement parce qu’il a écrit Belle de jour pour Luis Buñuel (dans lequel j’interprétais le rôle d’une prostituée), mais aussi parce que je lui avais demandé d’écrire l’adaptation d’une pièce que j’avais envie de jouer. Finalement, elle n’a jamais été montée car il est parti un an en Inde pour écrire Le Mahabharata. Mais on a toujours gardé beaucoup d’admiration l’un pour l’autre.

Et Charles Aznavour ?

Charles m’a donné deux chansons « clés en main », paroles et musique. Elles étaient tellement belles que je lui ai demandé si je pouvais les avoir toutes les deux. Mais il m’a répondu: « Ah non je ne t’en donne qu’une ! Choisis ! » J’ai donc pris Ce Diable d’homme.

Les paroles ont une importance primordiale dans vos chansons…

Je peux me permettre de le dire puisque je n’en ai signé aucune : toutes ces chansons sont intelligentes. Ce sont de vrais textes, des scénarios en musique. Ce n’est pas du bruit. Chacune d’elles a une signification profonde. Prenons Tant de choses que j’aime, écrite par Nicolas Ker et composée par Laurent Bardainne. C’est une chanson qui parle des amours passées. Les saisons, les questions, les illusions n’existent plus, mais il reste les mots doux que nous avons pu prononcer. Je trouve cette idée bouleversante.

Comment définiriez-vous la couleur d’ensemble de l’album ?

Il y a des thèmes qui reviennent indéniablement : le goût des mots, la féminité, l’énergie, la nostalgie. Quant à la musique, elle est arrangée par Alex, ce qui donne une unité de style. Je suis très exigeante sur la musique et il y a ici un ensemble musical qui est magnifique, avec une diversité orchestrale sublime. C’est moi qui, souvent, donnais l’impulsion d’une couleur spécifique pour telle ou telle chanson. Par exemple, pour Passages, j’ai pensé à une bossa-nova. J’ai une passion pour la bossa-nova et pour certains génies qui en ont fait un genre majeur, comme Antônio Carlos Jobim. Et pour Ce Diable d’homme, je suis restée dans cette veine latine avec l’utilisation d’un bandonéon, comme dans un tango argentin. Je voulais que ce soit une chanson sexy. D’une manière générale, l’album joue beaucoup avec ma féminité.

Avec votre séduction aussi ?

Je n’en dirais pas tant ! En tout cas, Alex a mis mes seins en valeur ! Ça s’entend particulièrement dans l’introduction d’une chanson comme Passages, à la beauté si douce et mystérieuse.

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