Emmené par la soprano italienne Micaela Carosi, le chef d’œuvre de Puccini s’installe à l’Opéra Bastille du 16 janvier au 14 février dans une mise en scène du Texan Bob Wilson.

Madame Butterfly est sans doute l’un des portraits de femme les plus beaux et les plus complets de l’histoire de l’opéra. L’un des plus émouvants aussi. Micaela Carosi, révélée à Paris dans Andrea Chénier, incarne cette jeune femme éperdue dans la mise en scène sensible de Bob Wilson du 16 janvier au 14 février à l’Opéra Bastille.

Maurizio Benini assurera la direction musicale de cette production qui offrira au public de Garnier les voix d’Enkelejda Shkosa (Suzuki), Anna Wall (Kate Pinkerton), James Valenti (F. B. Pinkerton), Anthony Michaels-Moore (Sharpless), Carlo Bosi (Goro), Vladimir Kapshuk (Il Principe Yamadori) et Scott Wilde (Lo Zio bonzo).

Depuis sa naissance dans les années 1890, le verismo s’était appuyé sur des livrets romanesques et excessifs, sur une théâtralité efficace et sans concession. Il s’était appuyé aussi sur la puissance de l’expression qui transforme le moindre mot en imprécation. Que l’on songe à Cavalleria rusticana aussi bien qu’à Tosca, l’ouvrage précédent de Puccini.

Rien de tel dans Madame Butterfly, récit d’une humiliation et d’une tromperie qui mènent à la mort : pas ou peu d’action, mais le lent poème de l’âme. Et des mots certes, mais presque accessoires, et soumis à une économie parfaite. A la passion dévorante exprimée dans chaque intonation de Santuzza ou des Manon Lescaut, Butterfly oppose ses silences et un chant déchirant, d’une pudeur surnaturelle.

Le livret de Madame Butterfly est tirée d’une nouvelle de John Luther Long qui a elle-même donné naissance à une pièce de David Belasco, que Puccini vit à Londres, en anglais, en 1900. A travers l’histoire de la séduction, puis de l’abandon, d’une petite Japonaise par un officier américain, il met en scène la confrontation de deux mondes : un premier – japonais –, ancré dans ses coutumes et ses traditions, et un second – américain –, conquérant et insouciant, symbole du nouveau monde. Dans une première version, en deux actes, qui n’eut aucun succès, le personnage de Pinkerton apparaissait comme vulgaire, grossier, égoïste, méprisant à l’égard des mœurs japonaises et surtout lâche.

C’est lorsqu’il révisa l’opéra, le faisant passer de deux à trois actes, comme cela était prévu initialement, que Puccini transforma le personnage, l’humanisant, le rendant moins cynique et lui faisant éprouver des remords dans une ariette rajoutée au dernier moment.

Pour composer cette « tragédie japonaise », Puccini fit des recherches sur la musique traditionnelle et les timbres de voix des femmes nipponnes. L’œuvre est centrée sur le personnage de Cio-Cio-San, dont l’air, Un bel di, vedremo, est un des plus célèbres et des plus intenses du répertoire. De tous ses opéras, Madame Butterfly est celui que Puccini préférait, celui qu’il pouvait écouter sans se lasser et qu’il considérait comme son « plus sincère et plus expressif ».

Le site de l’Opéra de Paris

Le site de Bob Wilson

Le site de Micaela Carosi