Du 28 janvier au 6 février 2011, l’Opéra de Marseille présente Cavalleria Rusticana de Pietro Mascagni et I Pagliacci de Ruggero Leoncavallo, deux opéras marquant les débuts du vérisme dans l’opéra italien.

L’Italie est à l’honneur cet hiver à l’Opéra de Marseille. Du 28 janvier au 6 février 2011 seront donnés la Cavalleria Rusticana de Pietro Mascagni et Pagliacci de Ruggero Leoncavallo. Un spectacle en coproduction avec les Chorégies d’Orange où il a été donné en juillet 2009.

A Marseille, c’est Giuliano Carella qui dirigera l’Orchestre et le chœur de l’Opéra de Marseille, les enfants de la Maîtrise des Bouches-du-Rhône et le chœur de l’Opéra-Théâtre d’Avignon et des Pays de Vaucluse. Parmi les interprètes, Natalia Timchenko sera Nedda, et Vladimir Galouzine interprètera Canio dans Pagliacci ; Béatrice Uria-Monzon est Santuzza dans l’œuvre de Mascagni. La mise en scène est assurée par Jean-Claude Auvray, comme en 2009 à Orange. Il a reçu en 1997, le Prix de la Critique pour sa mise en scène de Der Prinz von Homburg au Capitole de Toulouse.

Le vérisme, est un courant littéraire italien qui s’est appliqué par extension au genre lyrique correspondant. Le terme, vient de l’italien verismo,vero, vrai. Les œuvres sont axées sur la représentation de la réalité et des problèmes sociaux. En littérature, c’est Giovanni Verga (1840-1922), chef de file du genre, en est aussi le concepteur. Il a développé ses théories en s’inspirant du naturalisme français de Flaubert, Balzac et Zola. C’est une des nouvelles de cet auteur italien, Cavalleria Rusticana, qui inspira le livret et la musique de Mascagni pour son opéra du même nom.

De la littérature à l’opéra, il n’y eut qu’un pas à faire. Les jeunes compositeurs italiens cherchant à se démarquer de l’ombre pesante du géant Verdi et aussi à s’affranchir des influences wagnériennes. L’idée de composer sur des histoires qui touchaient le public de près et écrite dans un style accessible pour le séduire a murie dans les esprits. Les œuvres répondent alors à un canevas dramatique réaliste se dénouant le plus souvent à coup de couteau (vendetta, coltallata).

Leoncavallo pour son opéra la Paillasse (Pagliacci), s’est appuyé sur un fait divers auquel il a assisté. Durant une représentation théâtrale sur l’infidélité, l’acteur qui interprète le mari trompé tue en public son épouse et son amant, pour se venger de l’infidélité qu’il subi dans la réalité. Cette mise en abyme de l’action dramatique a rendu célèbre l’œuvre et son compositeur. Dans le prologue de celle-ci, il a intégré un manifeste où il appelle à rapprocher fiction et réalité jusqu’à ne plus distinguer l’un de l’autre. Cette annonce signe le début du vérisme dans l’art lyrique, dont Giacomo Puccini et le représentant le plus célèbre, même si pour certains, sa musique trop savante l’exclut du genre.

Les opéras véristes sont le plus souvent tirés d’un roman que d’une pièce de théâtre, ils sont relativement courts et souvent construites en épisodes. Le drame cède souvent la place au mélodrame. La musique n’est pas technique. Au contraire, elle fait souvent référence à des rengaines populaires, aux chœurs de villageois, au chant syllabique bien articulé et compréhensible par le spectateur. Elle délaisse les ornements du bel canto, chers à Verdi, et les récitatifs accompagnés.

Le vérisme est né de la scapigliatura milanaise (la Bohème), terme désignant à la fois une volonté de rupture avec la bourgeoisie libérale et la naissance d’une nouvelle sensibilité décadente. Giovanni Verga focalise son œuvre sur les « vinti della vita » (« les vaincus de la vie ») : les humbles.

Les éléments type de ce courant artistique se retrouvent chez Puccini dans La Bohème ou Madame Butterfly, et chez Giordano dans la Mala Vita ou A basso Porto de Spinelli, ou encore dans toute l’œuvre de Leoncavallo et Mascagni. Car ce sont bien les œuvres des ces derniers qui ont annoncé le début d’un genre qui révolutionne l’art lyrique italien de la fin du XIXe siècle.

Le site de l'Opéra de Marseille