Le 31 mars sur la scène parisienne de l’Européen, Ferran Savall prouvera qu’il est plus que possible d’exister loin des traces de son illustre père Jordi…

Savall est un nom qui illumine le regard de chaque mélomane… Le constat risque de s’amplifier avec l’arrivée sur le devant de la scène d’un nouveau membre de la famille : Ferran Savall. Mais fils du maître de la viole de gambe Jordi Savall et de la cantatrice Montserrat Fugueras n’évolue guère sur les terres de ses illustres parents. Avec son premier album Mireu el nostre mar, il ne s’ancre dans aucun genre et se permet de trainer avec une sublime nonchalance entre airs catalans, errances folk, mélodies d’Afrique ou d’Amérique du Sud et chansons citoyennes du monde. Un souffle envoûtant qui se posera sur la scène de l’Européen à Paris, mardi 31 mars.

Ferran Savall lui-même évoque la genèse de ce premier opus divin, sensuel et juste beau, dépourvu d’une quelconque aridité folk : « “Mireu el nostre mar” (en français “Regardez notre mer”) est un ensemble de pièces diverses qui reflètent ma trajectoire musicale jusqu’à ce jour. D’un certain côté, j’ai voulu redécouvrir et moderniser quelques chansons catalanes traditionnelles, dans l’idée de les rendre populaires et les incorporer de nouveau dans le répertoire des gens, sous un aspect plus moderne, dans un style et un goût musical plus actuel et plus adapté à la société et à l’époque où nous vivons. Je prétends ainsi les réveiller, les revivifier et démontrer que la poésie et la musique de chansons comme El noi de la Mare, La Cançó del Lladre ou El Testament d’Amèlia sont totalement d’actualité. Cela est vrai si nous les adaptons par des formes plus novatrices au moment de les interpréter, allant jusqu’à les revêtir, si nécessaire, de paroles nouvelles qui peuvent nous toucher encore, car elles reflètent une sensibilité plus proche de la nôtre et de notre vie d’aujourd’hui.

J’espère ainsi centrer l’attention sur les nombreuses possibilités d’interprétation que cette tradition nous offre, alors qu’on les oublie trop souvent. C’est la raison pour laquelle ce disque porte le titre des paroles nouvelles accompagnant l’ancienne et belle mélodie du Cant dels Ocells: Mireu el nostre mar nous invite à réaliser combien les répertoires anciens – larges, profonds et beaux comme la Mer – peuvent redevenir neufs à nos yeux, nous accompagner encore et nous émouvoir.

La musique de ces chansons et des autres morceaux du disque présente une forme liée à la spontanéité, à l’improvisation où souvent s’y démontre une volonté de faire de la musique sur peu de paroles, sur des sons, imitant des langues sans mots, en jouant sur les couleurs et les sonorités de la voix. Ce sont des fragments ou des instants créés à partir d’impulsions spontanées, quand on se lâche, sans planifier quelles strophes ou quelles mélodies vont les illustrer, et quand fusionnent sans conflit les formes psalmodiées, comme un chant de muezzin, avec celles du jazz, du blues ou de la soul music ou encore des rythmes brésiliens: musiques d’Orient et d’Occident, du Sud et du Nord. Il est difficile par conséquent de les cataloguer comme appartenant à un seul style, alors qu’elles ont surgi sans préméditation, sans analyse rationnelle.

J’ai eu le privilège de vivre dans une ambiance familiale profondément unie à la musique. De la même manière, pour réaliser ce disque, j’ai été entouré de l’intimité et de la complicité d’amis comme Mario Mas – qui a collaboré intensément aux arrangements de certaines pièces -, Javier Mas, Jordi Gaspar, Dimitris Psonis, Thor Harald Johnsen et Bjorn Kjellmeyr qui, en équipe, m’ont accompagné pour certaines compositions ».

Le site officiel de Ferran Savall

Le site de l’Européen

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