Chaque lundi, QIBUZ soulève les cartes et interroge l'actualité musicale. Indiscrétions et confidences, décryptages et relectures, révélations et révolution : voici la nouvelle rubrique coquine de Qobuz.com. la vérité est toujours bonne à lire !

Révélation du webzine TechCrunch : les majors ont les pieds et les mains dans Spotify

On en apprend de belles en lisant TechCrunch. Selon un article publié par le webzine, le premier tour de table effectué par le site de streaming musical Spotify avait des invités dont on ignorait jusque là les noms. Mais tout s'explique. Ce premier tour de table incluait des investissements de sociétés comme, au hasard, Universal, Sony BMG, EMI et Warner, chacun payant une somme identique, un tel deal sécurisant, autant que possible, le soutien à long terme des majors.

Déjà rendu difficile par la prolifération du piratage, le développement de la musique en ligne légale fait l'objet de prises de position un peu invisibles, qui reconstituent des forteresses et bâtissent des barrières à l'entrée. L'égalité des plateformes de musique en ligne face à l'accès aux contenus est directement liée à l'argent qu'ils peuvent dilapider, non pas pour la création de services innovants, mais pour s'attacher la bienveillance des gros joueurs qui détiennent les catalogues. Les start-up de l'internet musical, en payant fort cher le ticket d'entrée aux contenus des majors ont aussi faussé les données du problème : des modèles qui ne fonctionnent pas se maintiennent parce qu'ils en ont encore le cash pour rincer les multinationales, empêchant des acteurs plus modestes de faire valoir un travail centré, non sur la finance mais sur les contenus. Ils font perdurer dans l'esprit du public, par exemple, que le streaming gratuit financé par la publicité est possible, alors qu'il est ruineux.

Plus ennuyeux, les prises de position des majors sur la distribution de musique en ligne, illustrées par cette information sur Spotify, ou sur les prises de participations dans des sociétés de distribution de musique intermédiaires (IODA, The Orchard, Zebralution) pourrait entraîner si on ne s'en émeut pas, des distorsions graves de concurrence.

**********

Nick qui chante et Nick qui lit sur iPhone

Avant la sortie de son second roman La Mort de Bunny Munro (The Death of Bunny Munro) chez Flammarion le 6 janvier prochain, le chanteur Nick Cave se produira au Théâtre Marigny le 19 octobre pour une soirée composée de lectures et de musique. Lectures déjà disponibles sur iPhone… En effet, les anglophones qui préfèrent lire ce roman dès aujourd’hui peuvent s’offrir pour 19,99 euros l’application iPhone vendu par l’éditeur Enhanced Editions qui permet de télécharger la prose de Nick Cave dans son intégralité sur son iPhone en bénéficiant en prime des lectures des principaux passages par l’auteur lui-même. Tout sauf cave donc... :

**********

Jamal pour ceux qui avaient leurs billets…

Hier dimanche 13 septembre, la Grande Halle de la Villette devait accueillir un événement plus qu’attendu par les fans de jazz : la réunion, sur une même scène, de trois géants, à savoir le pianiste Ahmad Jamal, et les saxophonistes Yusef Lateef et Archie Shepp. Coup de théâtre à quelques heures de l’événement : le festival Jazz à la Villette annonce que suite à des problèmes logistiques, Jamal n'a pu quitter Bogota à temps pour participer au concert de Paris. Shepp et Lateef ont donc fait sans leur camarade pianiste, la direction du festival ayant tout de même indiqué que les personnes ne souhaitant pas assister à ce concert avaient la possibilité de se faire rembourser. Vu l’âge canonique des intéressés, une reprogrammation d’un tel événement semble malheureusement peu probable…

**********

Les ennemis d’Hadopi auraient-ils, pendant la guerre, oui ou non, vendu du beurre aux Allemands ?

A l'occasion de la conférence de presse trimestrielle du Snep, son président Christophe Lameignère a tenu des propos musclés à l'encontre des anti-Hadopi !

C'est vrai, on avait l'impression que le débat ne redémarrait pas assez fort, en vue du nouveau vote cette semaine ! UFC Que Choisir et le machin Création Public et Internet estiment pour leur part que Lameignère « a fait le dérapage de trop en assimilant les opposants de la loi Hadopi à des « collabos » en puissance du régime nazi. Les membres de la plateforme Création Public et Internet demandent au Snep des excuses publiques. » Ségolène Royal emboitera-t-elle le pas ?

Et puis, il reste un mystère : Lameignère a-t-il oui ou non ajouté hors-caméra que « les pirates auraient pu, pendant la guerre vendre du beurre aux Allemands » ? L'intéressé le dément. Autre question : Pascal Nègre pourrait-il devenir jaloux de la soudaine impopularité de son confrère de chez Sony Music ? Va-t-il poursuivre l'escalade ? Heureusement, Brice Hortefeux ne passait pas par là…

**********

Twitterdammerung, un opéra signé… Twitter !

Il y a quelques semaines, histoire d’abattre une carte com’ des plus originales, la Royal Opera House de Covent Garden à Londres proposait aux amateurs d’art lyrique et de nouvelle technologie d’écrire un opéra en utilisant Twitter ! Tel un cadavre exquis, les plumes agiles étaient appelées à envoyer sur le célèbre service de microblogs leurs contributions dans le format d’un tweet, à savoir 140 signes maximum. L’initiative a alors connu un véritable succès. Malheureusement, l’ajout bout à bout des mini-phrases s’est révélée plus difficile que prévu, en particulier lorsqu’il s’est agi d’insérer des contributions décalées… Au départ, la Royal Opera House n’a donné que la première phrase de l’intrigue de cet opéra : « Un matin, très tôt, un homme et une femme sont debout, bras dessus, bras dessous, à Covent Garden. L’homme se tourne vers la femme et se met à chanter... » Atteignant près de mille tweets, l’œuvre mise en musique par Helen Porter et Mark Teipler a été donnée dans la célèbre maison britannique d’art lyrique. Pour preuve, un extrait de 40 secondes des répétitions, chanté par la mezzo-soprano Hannah Pedley et le baryton Andrew Slater, accompagnés au piano par Lindy Tennent-Brown :

**********

Keynote Apple : Qobuz déçu !

Le seul événement vraiment émouvant de la très buzzée présentation Apple, mercredi dernier, fut la présence sur scène de Steve Jobs du début à la fin, première apparition publique depuis sa lourde opération. Total respect - on lui souhaite plein de bonnes choses, et on l'aime.

Pour le reste, il ne semble pas qu'on ait beaucoup lu dans la presse, ou remarqué sur les blogs la tournure très bonimenteuse que prend l'événement semestre après semestre. On est invité à applaudir et s'extasier devant les nouveaux produits qui sont tous invariablement « unbelievible », « just fantastic », « incredible » et bien sûr « cool » - présentés par un monsieur replet qui ressemble au vendeur de photocopieurs Konica qui nous poursuit sans cesse chez Qobuz. Pour les jeux, des programmeurs étaient invités. Côté musique, une petite guirlande de nouveaux iPod avec caméras et jeux d'enfants a été présentée. Pour l'innovation et les services musicaux, les annonces furent décevantes. La grande affaire était iTunes 9, une version un peu retapée de l'irremplaçable logiciel parfaitement compatible avec Qobuz. Vous pourrez désormais réorganiser les icones de vos apps depuis l'ordinateur. Le iTunes Cocktail est finalement renommé iTunes LP. Il s'agit selon Steve de renouer avec le plaisir du vinyle et de ses belles pochettes.

On ne veut en aucun cas lui faire de la peine pendant sa convalescence, mais le LP c'est un truc de vieux rocker. Ce qu'on attend aujourd'hui d'une documentation digitale sur un album est moins l'aspect statique d'un CD-Rom que l'interactivité et la porosité à la communauté. Quelques rares albums sont disponibles sous le nouveau format, vendus au prix du lossless de chez Qobuz. Mais question compression, on est toujours dans le 256 pour les Doors. Ne cherchez pas dans la première fournée d’iTunes LP de titres un peu underground, ou de classique, vous seriez déçus. Pour la suite de l'expérience on est circonspect : la réalisation de tels livrets sera coûteuse pour les producteurs, et de peu de sens en somme pour faire avancer la qualité de documentation de la musique sur internet. Il vaudrait mieux réfléchir de manière plus complexe à la catégorisation de la musique dans iTunes, pour sortir de la préhistoire et donner une chance aux contenus qui ne sont pas des « songs ». De fait, en présentant son iTunes LP, Steve réécrit un peu l'histoire en proclamant que le CD a été une régression par rapport au LP en ce qui concerne la documentation : s’il est exact que les visuels et le format des 33trs étaient plus grands et plus agréables, la documentation sur les albums fut immédiatement bien supérieure sur les CD qu'elle ne l'était sur les LP où l'on ne voyait pas bien souvent indiqués par exemple les dates et lieux d'enregistrements et autres détails précieux.

Cette keynote s'achevait sans annonce fracassante du côté des contenus : non, pas de Beatles sur iTunes. Pas de Rolling Stones sur scène non plus ! Mais la douce Norah Jones venue chanter deux titres et faire la bise à Steve. On imagine qu'il a écouté en boucle ses meilleurs titres à l'hosto sur son iPod. La présentation s'achevait un peu comme ces conventions d'entreprises du CAC 40 auxquelles on invite à grand frais Jacques Attali pour une conférence, ou Barbara Hendricks pour un mini-concert. Un peu petit-bourgeois le cru de rentrée chez Apple, cette année !

**********

Vous aimez QIBUZ ? Vous pouvez nous adresser vos informations ou remarques ! Ecrivez-nous à : qibuz@qobuz.com